lundi 22 décembre 2014

Channel Zero : Interview @ Alcatraz Festival



Après la disparition brutale de Phil Baheux, batteur au sein de Channel Zero, le groupe belge de renommée internationale a dû faire face à de nombreux moments de doute. Un an plus tard, malgré le triste souvenir qui y est lié, les musiciens reviennent à l’Alcatraz pour célébrer la mémoire de leur ami. L’occasion pour nous de RENCONTRER Tino De Martino, le bassiste et de revenir sur cette année difficile, mais aussi d’évoquer les nouveaux projets qui permettent aujourd’hui au groupe d’aller de l’avant.




Isa : C’est un jour un peu spécial pour Channel Zero aujourd’hui, comment avez-vous décidé d’aborder le concert de ce soir ?
Tino : Oui, c’est un jour spécial, en effet. Je crois que, en tout cas personnellement et pour le groupe, que le jour le plus compliqué, ce sera demain, en fait. Demain, ça fait un an exactement. C’est vrai qu’il y a un an on devait jouer à l’Alcatraz et voilà, ça s’est passé… Je crois qu’on a essayé de… On est venu ici en se disant : « On va jouer. On joue pour Phil. On le fait pour lui. De toute façon, il est là tout le temps avec nous, donc on fera comme pour tous les autres concerts ». Mais c’est vrai qu’aujourd’hui, il y a énormément de personnes qui sont venues chez nous en discuter et ça, émotionnellement, c’était assez fort aussi.
Isa : Et au niveau du show, ça s’est passé comment ? Ça a été ? Tu peux me donner tes impressions ?
Tino : Ça a été. En fait, je crois que pour nous, en tout cas, c’est quelque chose qui nous booste, qui nous donne envie de continuer, d’aller en avant et donc… Je sais que pour moi, personnellement, en tout cas ce soir, tout le temps, c’était en pensant à lui : « Putain, regarde ce que je fais ! On y va, on le fait pour toi ! »
Isa : Justement, le fait de continuer la formation, ça rend votre hommage encore plus fort, mais ça n’a pas dû être un choix facile à prendre, de se dire de continuer ?
Tino : Non, bien sûr que non, ça a été extrêmement difficile, en fait. Et pendant un petit temps, en fait on n’y pensait pas du tout au début, pour nous c’était terminé. Et puis bon, c’est vrai qu’à un moment on s’est dit : « Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? On est là tous les trois, qu’est-ce qu’on fait ? » Et c’est vrai que ça peut sonner comme déjà entendu, mais vraiment, je crois qu’il nous aurait botté le cul si on avait dit : « On ne le fait pas, on arrête ».
Eric : Je crois aussi, le connaissant, un homme de coeur comme ça, il aurait dit : « Les gars, vous devez continuer et basta ! »
Tino : Oui et puis de toute façon, ce qu’il y avait c’est que l’album, on avait déjà commencé à le composer avec lui, la pré-production était faite avec lui et on devait, je crois que c’était le 12 août, on devait rentrer en studio avec Phil. Et donc, c’était là. Et ne pas enregistrer cet album, ça ne l’aurait pas fait, en fait, ce n’était pas possible : il fallait qu’on le fasse.
Isa : Mais venons-en, justement, à « Kill All Kings », dans quelles conditions cela s’est passé ? Là, tu viens de le dire, mais concrètement entre vous…
Tino : En fait, ce qu’il y a, c’est qu’on a pris un petit temps avant de recommencer l’enregistrement. On a tout annulé et finalement l’enregistrement s’est fait en novembre, donc quelques mois après. C’était quand même relativement difficile, moi je n’ai pas participé à l’enregistrement des batteries qui se passait à Los Angeles, en fait, moi je l’ai fait en Belgique. Mais je sais, en en discutant et en voyant Francky et Mikey tous les jours via Skype, c’était difficile pour eux. Parce qu’évidemment c’était un autre batteur, donc avec une autre frappe, une autre façon de jouer, aussi et même s’il a respecté un maximum ce que Phil avait composé.
Isa : D’accord. Est-ce que tu sais si l’album est un concept album, ou vous abordez des thèmes différents ? En d’autres mots : est-ce qu’il y a un thème principal à l’album ?
Tino : Non, je pense que… Oui, on pourrait trouver un thème principal qui est le mal-être et les problèmes de société, comme peut-être, je pense, énormément de groupes ont envie d’aborder. De là à l’appeler un concept album, non.
Isa : Ok et est-ce que par exemple, tu pourrais nous expliquer un titre qui te tient plus particulièrement à coeur ?
Tino : Oui, mais tous les titres me tiennent à coeur, donc… Je ne sais pas…
Isa : Alors on peut peut-être parler de « Duisternis », qui est chanté en trois langues, pourquoi ce choix ?
Tino : Pourquoi ce choix ? Eh bien, en fait, on était occupé à enregistrer et Francky avait mis ses voix dessus et… C’est vraiment très con, en fait, on se regardait et on se disait : « Oui, non, peut-être… » et à un moment donné il a dit : « Attendez, j’ai une idée ! Je vais essayer autre chose, je vais essayer de le faire dans ma langue ». Et ça donnait, en fait, ça donnait vraiment super bien et puis là il s’est dit : « Ben alors, je vais le faire en français aussi ». Et voilà, c’était juste ça, le fait de se rendre compte que ça donnait vraiment bien, alors voilà, on s’est dit « On y va ! »
Isa : Et l’accueil est bon, en plus !
Tino : Mais oui, l’accueil est bon, donc… En Belgique, oui, mais je ne sais pas ce que ça donnera aux États-Unis, on verra !
Eric : Vous allez retourner aux États-Unis ?
Tino : Non, il n’y a rien de prévu pour l’instant, rien de concret.
Isa : Je pense que ça va le faire, ça sonne un peu exotique, comme ça…
Tino : Oui, on espère, mais bon…
Isa : Sinon, à propos de l’artwork, tu sais qui l’a réalisé ?
Tino : Oui, c’est un mec de Bruges qui fait des sculptures en métal. Et Francky était passé un jour là, parce qu’il habite à Bruges, et il a vu ça, il s’est dit : « Wow, c’est quoi ça ? » et puis il est venu avec quelques photos… On avait pas mal d’idées, en fait, pour l’artwork en général, mais ça c’est resté, parce que ses sculptures sont incroyables !
Eric : Et le pied de micro, alors, c’est lui qui l’a sculpté ?
Tino : Oui, c’est le même mec. Oui, il a fait pas mal de choses aussi, en septembre on a une vidéo qui sort et il y a d’autres éléments qui vont apparaître du même sculpteur. Et entre parenthèses, la tête qu’on voit sur la pochette, c’est un tigre qui fait 150 kilos, ou même plus je pense, parce qu’il a un moteur diesel et tu le branches et c’est parti, il part tout seul.
Isa : Vous ne l’avez pas avec vous ?
Tino : Non, on ne l’a pas ici, malheureusement, je ne pense pas que les scènes l’acceptent.
Eric : 150 kilos ça fait short !
Tino : Non mais je pense que c’est même plus, tu sais, parce qu’il a un moteur et tout et si tu te mets dessus, tu pars.
Isa : Excellent ! Sinon, vous avez fait appel à Seven Antononopoulos pour tourner avec vous, est-ce qu’on peut considérer qu’il intègre le groupe de façon définitive ?
Tino : Je pense qu’il est encore trop tôt pour décider de ça. Il fait super bien son boulot, même plus que super bien, c’est un mec qui est super chouette. Non seulement c’est un musicien incroyable, mais qui est super humble aussi et on s’entend super bien avec lui et d’un autre côté, c’est bien qu’il ait compris qu’on a besoin de temps. Donc, petit à petit… Il reste avec nous de toute façon et on verra ce qui va se passer dans le futur. On a le temps.
Isa : Maintenant, on va faire un flashback : en 1990 Channel Zero a sorti une démo 4 titres en auto production, ce qui fait déjà pratiquement 25 ans de carrière…
Tino : Oh mais ça c’est chouette ! Moi je n’y étais pas, moi je suis rentré il y a cinq ans, j’ai 30 ans ! (rires) Non, mais bon…
Isa : Allez, si tu considérais ces 25 ans de carrière…
Eric : Sans compter les années d’interruption.
Tino : Ah mais ça fait plein de super souvenirs et de choses que… Je ne dis pas que je referai tout, mais… Finalement, si j’avais le même âge, je referai exactement la même chose.
Eric : S’il y a une chose que tu devais refaire, vraiment, ce serait quoi ?
Tino : Mais finalement, c’est ça que j’allais dire, je pense que je referai pratiquement tout avec Channel Zero, parce que ces premiers dix ans étaient vraiment fabuleux, en fait. On a fait plein de choses, on a tourné énormément, on a vécu plein de choses super intéressantes.
Isa : Tu as un souvenir préféré qui te revient, comme ça, là ?
Tino : Mais je crois que, justement, c’était l’Australie.
Eric : Pour moi, c’était… On en parlait en tant que jeunes qui écoutaient Channel, à l’époque, pour nous c’était LE groupe phare de la Belgique, qui était représenté aux quatre coins du monde, c’était extra.
Tino : Mais c’était aussi notre première tournée en tête d’affiche et donc voilà, tu pars en tête d’affiche et tu fais une tournée en Australie… On avait 25 ans, je pense, un truc comme ça, t’as des avions entre les concerts… Ah c’était bien, oui, c’était vraiment bien ! On a eu deux semaines de stars, voilà ! Après on est revenu en Belgique, c’était terminé ! (rires)
Isa : Justement, dans ta position, si tu devais donner un conseil aux jeunes musiciens qui veulent vivre le même genre d’aventure, qu’est-ce que tu leur dirais ?
Tino : Je vais le dire en anglais, c’est : « Never give up » ! C’est vrai, ça sonne con, mais voilà, il ne faut jamais jamais laisser tomber, toujours continuer et s’il y a une porte qui ne s’ouvre pas, essaye l’autre, continue et si tu es sûr de ce que tu fais, si tu es sûr de ce que tu as envie, eh bien vas-y, quoi !
Isa : Et en relation avec ça, qu’est-ce que tu penses, toi, aujourd’hui de la nouvelle génération Metal, de ce qu’on entend actuellement ?
Tino : Eh bien figure-toi que j’ai été pendant longtemps accroché à ma vieille génération Metal et puis ma fille, en fait, me fait découvrir la nouvelle génération et je me rends compte que, putain, il y a plein de bonnes choses ! Bon, je ne vais pas le dire, mais il y a des choses que j’aime un peu moins, mais il y a vraiment de bonnes choses aussi.
Isa : Tu as un exemple de groupe ?
Tino : Oui, je passerais peut-être pour un naze, en fait, parce que j’ai l’impression que tout le monde connaît, mais moi je ne connaissais pas, c’est Suicide Silence. Mais voilà, elle m’a fait écouter ça et j’étais vraiment sur le cul ! Et il y a Of Mice And Men, aussi…
Isa : Donc plutôt Metalcore ?
Tino : Oui, c’est ça.
Isa, à la fille de Tino : Quel est ton groupe préféré ?
Fille : Black Veil Brides, je pense.
Isa : Sinon, Tino, quel est le dernier CD que tu as écouté ?
Tino : Je n’écoute plus de CD, j’écoute tout en mp3 et qu’est-ce que j’ai écouté dernièrement ? Allez, disons la dernière vidéo que j’ai regardée sur Youtube, c’était Janis Joplin.
Eric : Mais c’est excellent !
Tino : Ouais, c’était « Move Over ». C’est un morceau incroyable, en fait. Et avec Francky, hier, on s’écoutait Deep Purple.
Eric : Ça n’a pas vieilli, moi je les ai vu au Hellfest, la patate !
Isa : Justement, puisqu’on parle de musique, si tu devais prendre cinq albums avec toi sur une île déserte…
Tino : Cinq albums… Je prendrai le « Rock For Light » de Bad Brains. Je prendrai le « Raining Blood » de Slayer. Je prendrai, franchement, je crois que je prendrai le dernier de Channel. Encore deux ? Ah c’est vraiment trop ! Je prendrai le « Vulgar Display Of Power » de Pantera. Et puis j’en prendrai un comme ça, je ne sais pas, je verrai bien ce qui sort !
Isa : Au hasard, donc ?
Tino : Oui, au hasard et voilà, je tombe sur « Thriller » de Michael Jackson !
Eric : Excellent choix ! Ça me fait plaisir, en plus, parce que je suis fan aussi !
Tino : Ou Bruno Mars !
Isa : Sérieux ? C’est excellent…
Tino : Ah non, mais il tue ! Je trouve qu’artistiquement, il est terrible !
Isa : Peut-être un nouveau Michael ?!
Tino : C’est ce qu’on dit !
Isa : Sinon, tu peux nous parler des futurs projets de Channel Zero ?
Tino : Ecoute, maintenant c’est la fin des festivals d’été, il y a pas mal de petites choses qui sont en train de bouger, un peu partout dans le monde et donc maintenant on est un peu en attente, en fait, de voir qu’est-ce qui va se faire, qu’est-ce qui est possible ? Et maintenant c’est le boulot des managers…
Isa : L’impression que j’ai, c’est que vous prenez à chaque fois le temps de poser les choses, de prendre votre temps, non ?
Tino : En fait ce qu’il y a, c’est qu’on a appris maintenant avec les années que ça ne sert à rien non plus de courir dans tous les sens et de, justement… La vie d’un groupe… Enfin, tu peux bousiller ton groupe en une semaine avec une connerie que tu fais, tu décides de partir dans cette direction-là et c’est pas la bonne, c’est foutu, quoi. Et ça, on l’a appris avec les années, on est parfois parti dans de mauvaises directions. Et donc maintenant on prend le temps, on a le temps de toute façon et on verra ce qui se passe !
Isa : D’accord, ce n’est pas plus mal comme fonctionnement.
Tino : Et puis bon, voilà, je crois qu’il y a l’âge, le fait qu’on ait tous une famille aussi, donc… Et on pense à se dire que si c’est bon on y va. Mais partir comme ça, se dire on prend un van et on va sur les routes d’Europe comme des fous pendant trois mois, non, c’est un peu plus cool quand même.
Isa : D’accord. Eh bien ici, j’arrive déjà au mot de la fin, je ne sais pas si Eric…
Eric : Oui, justement, j’ai encore une question, est-ce que vous envisagez déjà de postuler pour les fests de 2015 ?
Tino : C’est déjà en pour-parlers, oui.
Eric : Pour le Hellfest ?
Tino : Ca, je ne sais pas, mais je sais que les festivals 2015 sont déjà ”occupés” et l’Europe, en général. Et d’autres choses !
Isa : Surprise, donc !
Eric : Et comme justement Isabelle le disait, on te laisse le mot de la fin, on le laisse à Channel Zero…
Tino : Ah ça, c’est toujours fabuleux le mot de la fin ! (rires)
Isa : Et là, il nous dit : « Le-mot-de-la-fin » !
Tino : Non, je dirais simplement que, je crois que tous les quatre dans Channel Zero on espère vraiment que cet album… Je ne dirais pas que cet album marche, en fait, mais que cet album plaise aux gens et que quand les gens l’écoutent, qu’ils se disent que c’est un bon album, parce que pour nous c’est un album super important, avec tout ce qui s’est passé et c’est vraiment quelque chose qui nous tient profondément à coeur. Voilà, merci.
Isa & Eric : MerciHaut du formulaire

Avatar : Interview @ Alcatraz Festival




Lors du festival Alcatraz se tenant à Courtrai le week-end dernier, festival couvert en partenariat avec l’émission Riff d’Enfer, il nous a été donné d’interviewer le batteur, John, ainsi que le chanteur, Johannes, du groupe suédois Avatar. Ce groupe, qui RENCONTRE actuellement un certain succès sur la scène européenne, pourrait donner l’impression qu’il sort de nulle part, comme un diable de sa boîte. Mais nous allons découvrir, à travers cet entretien, qu’Avatar a connu bien des déboires avant de briller sous le feu des projecteurs. Une belle leçon de courage, en quelques sortes, pour les groupes qui rêvent de percer.

Isa : Tout a commencé en 2001 pour Avarar, faisons un flashback pour savoir comment cela a commencé ?

John : Ça a commencé là d’où je viens, c’est une petite ville près de Gothenburg. Ça commence dans le hall de tennis de cette petite ville, où nous jouons au tennis. Moi et notre guitariste, jouions au tennis ensemble et on avait tous les deux 13 ou 14 ans et on est devenu amis parce que nous avons réalisé que nous aimions tous les deux le Metal. Il avait l’habitude de porter un t-shirt d’Iron Maiden et j’avais l’habitude d’en porter un de Metallica et c’est de là que tout est parti ! Et nous détestions jouer au tennis, parce que le tennis consiste à frapper dans la balle et non pas à frapper sur le type en face de toi sans le blesser. Donc, nous avons commencé à…

Johannes : À avoir des rencards !

John : Eh bien, après les leçons de tennis j’allais chez lui, RENCONTRER sa famille etc. et écouter du Heavy Metal. Il me montrait de nouveaux groupes et jouait un peu de guitare et j’étais là : « Hey, je devrais commencer à jouer de la batterie et on pourrait faire un groupe ! » Et c’est comme ça que cela a commencé, deux garçons de 14 ans qui se font pousser les cheveux…

Johannes : J’étais aussi à  Mölndan, mais cela a pris un an avant que je les rejoigne. Ils ont arrêté trois fois cette année-là.

John : Ouais, personne ne savait comment jouer d’un instrument.

Johannes : Nous avons appris comment jouer ensemble, en gros. J’étais le seul gosse dans la rue qui pouvait – Johannes fait une belle démonstration de pigsqueal – donc, oui, j’étais le meilleur chanteur de Metal en rue. Et donc, nous avons plus ou moins grandi ensemble depuis que nous sommes adolescents, réalisant tout ça ensemble.

Isa : Ok, on peut dire que l’album « Black Waltz », sorti en 2012 a été une sorte de tremplin pour Avatar dans certains pays, pouvez-vous en expliquer les raisons, selon vous ?

Johannes : On s’est démerdé ensemble !

John : Ce que Johannes veut dire, c’est qu’on a appris à jouer d’un instrument ensemble, je veux dire, il n’y a pas tant de groupes qui sont ensemble depuis 15 ans et qui sont toujours actifs. Tu sais, nos trois premiers albums n’ont RENCONTRÉ aucun succès, mais on a toujours eu des fans, que nous avons d’ailleurs gardé. Et ce qui s’est passé c’est que, tu vois, c’est qu’on n’a jamais arrêté d’apprendre depuis nos trois premiers albums, comment jouer, comment être un groupe, comment faire et comment tout fonctionne. On grandit toujours, même sous les projecteurs.

Johannes : Ouais… Notre premier album est sorti quand on avait 17 ou 18 ans, je pense.

John : Et « Black Waltz » est devenu un succès parce que c’est le premier album qu’on a fait seulement pour nous-mêmes. On avait fait un troisième album éponyme et nous avons essayé de plaire aux gens. On a ajouté des voix claires, essayé de faire quelque chose de plus soft… Et puis on a fait ce troisième album et encore une fois personne n’en a rien eu à faire ! Alors, à ce moment-là, Johannes et moi avons pris une bière dans mon bar préféré à Gothenburg et en gros on s’est dit : « On a fait trois albums, maintenant on commence à vieillir… » Ouais, on était comme dans une crise des 24 ans…

Johannes : Ouais, on se sentait vraiment vieux !

John : Et on était assez fauchés, sans argent, nous avions tout dépensé pour le groupe et tout le monde s’en foutait de ce qu’on faisait, donc on était comme : « Séparons-nous ! » Puis, Johannes m’a dit : « Prenons une autre bière. Tu te rappelles de ce riff ? »

Johannes : Je voulais vraiment finir cette chanson !

John : Ouais, on devait faire une chanson avec ce riff, ça sonnait tellement bien ! Donc j’ai dit : « Bien, faisons un comeback ! »

Johannes : Donc, on a quitté le groupe genre 20 minutes et puis on a fait une fête de reformation !

John : Ouais et les autres membres du groupe n’ont jamais su qu’on s’était séparés !

Johannes : Ouais, en fait ils l’ont su quelques années plus tard ! Ils étaient là : « C’est pas vrai ?! »

John : Après ça on a décidé : « Faisons cet album ! – qui était « Black Waltz » – Et faisons-le de la façon dont nous le voulons ! Parce que quand j’aurai 80 ans et que je serai presque mort, je veux sentir que j’ai fait quelque chose dont je suis fier ! » Et si personne d’autre ne s’en fait, merde, on voulait être heureux avec cet album !

Johannes : Et puis on l’a fait comme ça et avons appris à faire quelque chose qui venait de notre coeur et nous avons fait quelque chose pour notre bien-être et les gens y ont répondu tellement plus que si on ne l’avait pas fait comme ça. On ne peut pas simuler l’art !

Isa : « Hail The Apocalypse », votre dernier album a été enregistré en Thaïlande, produit par Thomas Lindell et mixé par Jay Ruston. Pourquoi ces choix ?

Johannes : La Thaïlande, parce que Tobias à déménagé là-bas et nous a dit : « Si vous voulez encore le faire avec moi – nous avons fait « Black Waltz » avec lui et on pensait qu’il était encore en Suède – j’ai déménagé en Thaïlande, donc vous devez l’enregistrer ici ! » Mais nous avons trouvé un très bon studio et c’était une belle opportunité de faire les choses différemment.

John : Aussi, à côté de ça, c’était bien de le faire différemment, parce que comme nous avions eu du succès avec « Black Waltz », c’était facile de retomber dans le même piège. Les gens vous disent : « Je pense que tu devrais faire ceci ou cela, parce que ça pourrait marcher. Faites quelque chose pour la radio ». Et bouger en Thaïlande pour enregistrer l’album, on devait le dire à tout le monde ici…

Johannes : « On se voit dans un mois, quand tout sera fait ! »

John : Ouais : « Au revoir, on se casse en Thaïlande et vous entendrez cet album  quand il sera fait ! » Tu sais, quand tu es en Suède, les gens viennent tout le temps te voir en studio et disent : « Pourquoi tu ne fais pas ça ? »

Isa : Donc, c’était mieux pour vous, finalement ?

Johannes : Ouais, c’était une très bonne chose ! Mais maintenant nous ne retournerons plus en Thaïlande, parce qu’on veut faire les choses d’une autre façon. En fait, on prévoir de faire quelque chose dans un château en France, mais nous devons écrire un bon album, bien sûr, et voir si c’est envisageable.

John : Et donc, c’est pour ça qu’on a choisi de travailler avec Tobias Lindell, qui avait aussi produit « Black Waltz ». On a pensé qu’on avait encore au moins un album à faire avec ce mec…

Johannes : Il a été d’une grande aide et a réalisé ce qu’on voulait faire avec « Black Waltz » et a pu ajouter quelques bons composants à cause de ça. Ensuite, ce qu’il y a c’est qu’il était aussi prévu qu’il fasse le mix, mais on a senti qu’il nous fallait des oreilles fraîches. Et Jay Ruston nous a été suggéré par notre tour manager. On était un peu nerveux à ce propos, parce que les Américains rendent les choses américaines, tu vois. Donc on allait lui envoyer un album d’Avatar et on avait peur de recevoir un album de Nickelback en retour ou quelque chose comme ça. Mais finalement, on a reçu un super album d’Avatar dans nos mains. Il a vraiment compris ce qu’on voulait faire.

Isa : « Hail The Apocalypse », le titre de l’album, mais aussi le premier titre à être sorti avec un clip, que nous avons trouvé bien réalisé, comment s’est passé l’écriture de ce clip ? Est-ce que cela vient de vous ?

Johannes : Oui, le clip fait vraiment partie de l’art, ça prend une grande place dans le projet artistique qu’est Avatar et c’est toujours nous, le groupe, qui nous asseyons dans notre pièce et nous commençons à étoffer nos idées. C’est basé sur notre propre vision et c’est comme un projet Punk Rock pour nous, on fait le plus qu’on le peut par nous-mêmes, à cause de la crise économique, mais aussi parce qu’on aime être sûrs que les choses se passent comme on le veut. Juste comme la musique, tu vois.

Isa : Et c’est la même chose pour chaque vidéo ?

Johannes : Ouais, parfois certaines idées viennent plus de Tim, ou un peu plus de moi ou de John, mais tout vient toujours de la même équipe que nous avons réussi à construire.

Isa : Il n’y a jamais de tensions ?

Johannes : Bien sûr ! On se bat fort ! Bien sûr, il y a des tensions, mais nous n’avons pas peur de nous bagarrer pour des idées, parce que si quelqu’un se bat pour une idée, c’est que probablement c’en est une bonne au final. Donc, les tensions sont bienvenues !

Isa : Je suppose que c’est la même chose pour le processus de composition du groupe ?

Johannes : Il y a moins de tensions quand on compose, j’ai l’impression. Ouais, parce qu’on se bagarre depuis plus longtemps à propos de l’écriture que pour les clips. Maintenant, nous avons été ces dernières années, la plupart du temps, dans une assez bonne ambiance. Tu sais, on se met beaucoup de pression à nous-mêmes pour faire quelque chose d’aussi bien que nous le pouvons. Ce qui veut dire que c’est fatiguant et on se challenge beaucoup les uns les autres, donc cela peut aussi créer des tensions, mais c’est inévitable et cela fait partie du deal. Si nous n’étions pas en tension ce serait probablement parce que l’un d’entre nous et paresseux et n’en a rien à faire.

Isa : Maintenant, toujours à propos des compositions, qui fait quoi ?

John : Tout le monde fait tout !

Johannes : Je ne peux pas me souvenir des parties que j’ai écrites. Parce que c’est comme si on se volait les uns les autres, on n’écrit pas ou on n’enregistre pas des choses tout seul, on ”jam” beaucoup ces temps-ci et on écrit sur les chansons des autres, il n’y a pas de : « Ma chanson ! » C’est un peu effrayant, tu sais. Et bien sûr cela veut dire que parfois quelqu’un a plus d’idées pour une chanson que les autres, mais c’est toujours comme si le produit fini était un résultat produit par le groupe.

Isa : Un vrai travail d’équipe, alors ?

Johannes : Ouais, absolument !

Isa : Est-ce que « Hail The Apocalypse » est un concept album ?

Johannes : Eh bien, pas vraiment, les chansons sont toutes écrites individuellement comme des idées individuelles et ont des concepts individuels. Tu vois, j’ai l’impression qu’à travers l’écriture il y a un fil rouge que tu peux suivre depuis le premier jour. Je suppose que chaque écrivain, chaque compositeur peut tirer des choses de la même source, c’est là que se trouve le fil rouge. Et l’apocalypse et les conséquences de nos actions, des choses comme ça font écho dans toute notre discographie. Donc, en ce sens, tout est assez proche et vient de la même source, mais ce n’est pas écrit de manière conceptuelle, on ne transmet pas une histoire ou quoi que ce soit.

Isa : Ok. Cependant, le titre « Get In Line » sonne un peu comme Rammstein, à cause des guitares, comment expliquez-vous cela ?

Johannes : On aime Rammstein !

John : Oui, on aime ça, mais je n’ai jamais pensé que ça sonnait comme Rammstein avant, mais…

Johannes : C’est marrant parce que c’est le plus grand fan de Rammstein !

John : Je pense que quand j’ai écrit cette chanson et que je l’ai enregistré, j’ai plutôt pensé que c’était plus comme du Punk.

Johannes : Pour moi aussi.

John : Ça ressemble à du Punk pour moi, comme du Punk brutal. Mais oui, quand on l’a sorti les gens ont aussi dit que ça ressemblait un peu à Rammstein.

Johannes : Mais je suppose que c’est à cause du riff principal, mais cette chanson forme un tout et les couplets ne sont pas tournés à la Rammstein, mais peut-être juste quelques morceaux, oui, Rammstein est une influence !

John : Mais c’est trop rapide pour être comme Rammstein.

Isa : Et que pensez-vous du public de festivals, en général ?

Johannes : J’aime beaucoup ça, parce que c’est là que tu RENCONTRES de nouvelles personnes et que tu peux toucher un autre public. Oui, on aime les festivals !

John : Ouais et on aime les métalleux et où il y a des métalleux, on aime ça !

Isa : Et qu’en est-il de votre expérience d’aujourd’hui ?

Johannes : C’était super, même si le show était tôt.

John : On est impatient de revenir. On sera de retour ici, dans cette ville, le 10 décembre en tête d’affiche et là on va donner tout ce qu’on a et ça va être génial !

Johannes : Mais vous êtes Français, non ? Où va-t-on jouer en France ?

John : À Paris et à Nancy, je pense…

Johannes : Oui, on a donc quelques dates françaises à venir aussi.

Isa : Ok, allons-y pour une dernière question, à propos de l’artwork de l’album, qui est vraiment sympa, qui l’a fait ? Et il semble, quand on le regarde, que le groupe a affronté la tempête auparavant et qu’Avatar est beaucoup plus fort aujourd’hui. Est-ce juste ?

Johannes : C’est vraiment cool de le voir comme ça, en fait, j’aime ça. C’est encore… Bien, c’est « Hail The Apocalypse » et l’apocalypse ce n’est pas mignon et c’est comme si on l’affrontait, comme tu l’as dit, tu vois, prendre le contrôle de cette tempête, faire face à ce qui se passe et se débrouiller avec les conséquences, c’est l’un des grands thèmes de l’album. Et qui l’a fait, c’est le bordel ! Ce sont trois artistes qui en ont inventé le concept, l’un a réalisé la photographie et un autre à incorporé l’artwork à la photo. Et l’idée vient d’un membre du groupe, je suppose… C’est vraiment comme un collectif artistique qu’on peut expérimenter, là.

Isa : Ok, peut-être une toute dernière question, pourquoi es-tu le seul à avoir un maquillage complet ?

John : C’est une longue histoire !

Isa : Vous n’avez pas la version courte ?

Johannes : Parce qu’on a découvert quand on a commencé à faire ça, c’était pour la vidéo de « Black Waltz », cela a éveillé quelque chose en moi, c’est connecté à moi et à tout le groupe, on l’a tous senti et vu. Cela colle avec ce qu’on fait.



MERCI ISA ET ERIC