mercredi 22 avril 2015

L’Alcatraz Festival, les 8 et 9 août 2014Ce week-end, je suis allée couvrir, mais aussi découvrir le fameux festival Alcatraz pour la première fois. Cela, bien que l’événement existe depuis 2008. D’année en année, le festival n’a cessé de s’améliorer pour proposer aujourd’hui un rendez-vous d’envergure à tous les amoureux du Metal et ce deux jours durant. Avant de débuter le report à proprement parler, il est de mon devoir de signaler que cette nouvelle aventure journalistique s’est déroulée en partenariat avec Eric Andres de l’émission Riff d’Enfer, diffusée sur les ondes de RQC. On y va, maintenant ?

En arrivant aux portes du site du festival, quelques visiteurs sont déjà en faction çà et là dans l’attente de l’ouverture, une attente relativement longue, il faut le reconnaître et c’est bientôt une petite centaine de visiteurs qui se parque devant les différents guichets. Mais la peine des festivaliers traditionnels est rapidement écourtée, tandis que la file s’allonge du côté des guests, des journalistes et des VIP. Un seul guichet pour tous ces gens, cela semble peu, en effet. Passons les détails sur le mécontentement de certains qui ne reçoivent pas les bonnes accréditations et les négociations assorties. L’on pourrait croire que cela commence mal, d’autant plus qu’en entrant enfin sur le site, le set de nos compatriotes de Diablo Blvd. est déjà bien entamé et c’est au son de leur mélange atmosphérique de Metal et de Rock que nous visitons l’espace VIP. Un espace aménagé avec goût, d’une part sous une vaste tonnelle où se situent le bar, ainsi que des tables hautes, mais aussi quelques fauteuils et autres poufs aux couleurs du festival adorablement confortables. Sans oublier la présence d’un imposant taureau signé Jupiler et d’une illustration de la mascotte du festival tendue sur une toile géante. Et puisque nous évoquons la déco, nous pouvons également parler de l’idée tout bonnement géniale d’avoir couvert toutes les barrières entourant la plaine du festival de bâches illustrées, tantôt de briques, tantôt de reproductions de photos d’artistes réalisées, notamment, par le jeune photographe belge Tim Tronckoe.

Enfin, ne nous attardons pas trop car les charmants Suédois qui composent Avatar, véritable étoile montante de la scène moderne, entrent en scène avec un « Hail The Apocalypse » tonitruant annonçant un set débordant d’énergie et, malgré un ciel couvert, les premiers festivaliers semblent conquis et certains opinent déjà allègrement du chef. Les titres s’enchaînent rapidement et le chanteur, dont l’apparat rappelle celui d’un clown macabre, assure le show avec une gestuelle prononcée. L’on notera tout de même quelques fausses notes dans les parties de chant clair.

Après ce concert un peu court mais convaincant, c’est au tour des Américains de Hellyeah de réchauffer l’assemblée, un groupe composé notamment de deux pointures du Metal : Chad Gray – et sa houppette rose – au micro, également au sein de Mudvayne, ainsi que de Vinnie Paul, qui n’est autre que le fondateur de Pantera. Mais avec Hellyeah, les musiciens évoluent aujourd’hui dans un tout autre style s’apparentant à un Hard Rock acéré et remuant, à l’image des musiciens qui se démènent sur scène. Y’a pas à dire, ça déménage !

Et c’est déjà au tour de Lacuna Coil de passer à la casserole. Sauf que, comme on dit en Belgique : ça drache ! En d’autres termes, il pleut des cordes. Mais cela ne dissuade aucunement les fans de la première heure qui ne ratent pas une miette du show, au même titre que les courageux photographes qui ont bravé les éléments pour immortaliser une Cristina Scabbia magistrale et trempée. En effet, la belle Italienne n’a pas eu peur de se mouiller, allant même jusqu’à se coucher sur le sol inondé à l’avant de la scène. Un moment intense de communication avec le public, à n’en pas douter. En ce qui concerne la setlist, le groupe semble avoir choisi de faire la part belle à son dernier opus « Broken Crown Halo », tout en intégrant quelques titres de « Dark Adrenaline », comme « Trip The Darkness ». Sans oublier l’incontournable « Our Truth » pour terminer en beauté.

Ce n’était vraiment pas de chance pour les Italiens, car après cette averse mémorable, le temps s’est adoucit pour permettre au public d’acclamer la curiosité du jour, j’ai nommé Keith ”Mina” Caputo, le chanteur désormais transgenre de Life Of Agony. Avec sa longue chevelure, son petit décolleté et le derrière moulé dans un slim, Mina minaude sur scène sans complexe et exécute chaque titre en mettant énormément de coeur dans ses interprétations. À un moment donné, la chanteuse, dont la voix est tout de même restée masculine s’est accroupie langoureusement et s’est adressée au public : « Do you wanna see my tits ? Do you wanna see my dick ? », mais même si le public a répondu par la positive aux deux questions, le mystère reste entier. Enfin, que l’on soit venu observer le phénomène ou apprécier la musique, personne ne peut être déçu du spectacle donné ce soir par un Life Of Agony  qui, malgré ses 25 ans de carrière, n’a pas pris une ride !

On enchaîne en changeant complètement d’ambiance avec la troupe maléfique de Cradle Of Filth menée par un Dani Filth qui s’est grimé et paré avec le plus grand soin ce soir. Vocalement, le chanteur s’applique également et inonde la foule en délire de ses cris stridents. Même si l’on peut trouver ce genre de sonorités irritantes, on ne peut nier la qualité de la performance. L’agressivité des hurlements est cependant adoucie par les interventions lascives de la nouvelle claviériste du groupe, Lindsay Schoolcraft, ainsi que par les nombreux passages mélodiques. Enfin, bien que Dani demeure assez statique durant sa prestation, les autres musiciens ont su occuper l’espace pour rendre le show dynamique. N’oublions pas non plus les quelques effets pyrotechniques lancés depuis la tour de régie.

Le soir tombe lentement sur Courtrai à présent et il est déjà temps d’accueillir l’idole de plusieurs générations de chevelus : Marilyn Manson. Qu’on l’admette ou non, il semble en effet que le personnage incarné par Brian Warner ait marqué le parcours musical de beaucoup de gens. Et c’est sur un air de Mozart que le chanteur à la réputation sulfureuse fait son apparition sur scène pour interpréter la plupart de ses hits : « Angel With the Scabbed Wings », « Disposable Teens », « No Reflection », « Hey, Cruel World », « Get Your Gunn », « Personal Jesus », « Mobscene », « The Dope Show », « Rock Is Dead », « Tourniquet », « Sweet Dreams », « This Is the New Shit », « Irresponsible Hate Anthem », « Antichrist Superstar » et « The Beautiful People ». Tant d’hymnes qui ont traversé les époques et qui demeurent toujours aussi efficaces : les gens chantent, dansent, headbanguent,… Donc, bien que le chanteur limite la communication avec le public, l’ambiance est assurée. En ce qui concerne la performance vocale, il n’y a pas grand-chose à reprocher cette fois-ci par rapport à certaines autres prestations désastreuses dont on avait déjà entendu parler. Aussi, même si Brian est un peu plus joufflu que dans ses jeunes années, son charisme est intact. Le chanteur n’a pas hésité à jouer avec divers accessoires tout au long du set : micros customisés, masques, capes, chapeau de marin, etc. L’on peut donc dire que le premier acte de l’Alcatraz Festival s’est bien déroulé.

Le samedi matin, le ciel est dégagé, nous sommes parés pour une belle seconde journée de festival qui commence avec un set plutôt enflammé des rockeurs américains de Four By Fate, suivi de deux groupes de Thrash plus old school : Toxik et Xentrix. Par ailleurs, en arrivant sur le site du festival, nous remarquons qu’il y a beaucoup plus de monde que la veille, de bon augure pour les organisateurs. Mais revenons-en aux événements avec l’arrivée de Prong, le trio américain qui propose un Metal difficile à définir, mêlant diverses influences sur une base de Thrash. C’est assez sympa, très énergique et les musiciens se montrent assez remuants.

Tout va très vite, il est temps de se faufiler dans la foule pour essayer d’atteindre le premier rang afin de pouvoir voir de près la nouvelle reine du Metal, à savoir la belle canadienne Alissa White-Gluz, anciennement chanteuse au sein de The Agonist, qui se retrouve aujourd’hui à la tête d’Arch Enemy, leader en matière de Death Metal à chant féminin. Même le soleil se montre curieux et vient inonder les festivaliers de sa clarté et c’est sur l’intro de l’album « Khaos Legion » que les musiciens apparaissent sur scène pour embrayer directement sur « Yesterday Is Dead And Gone ». Dès les premières notes, la voix d’Alissa fait l’effet d’un coup de poing en pleine figure. Même si Angela, pour tout ce qu’elle a pu apporter à la scène au cours de ses années de service, manquera forcément, la relève est pleinement assurée  et l’accueil du public semble unanime. Ainsi, Arch Enemy enchaîne les titres, proposant un best of de sa carrière, tout en mettant en avant quelques nouveaux titres de son dernier opus : « War Eternal », « Ravenous », « My Apocalypse », « You Will Know My Name », « Bloodstained Cross », « As The Pages Burn », « Dead Eyes See No Future », « No Gods, No Masters », « We Will Rise » et « Nemesis ». Tout au long du set, nous avons pu observer plusieurs mouvements de foule : slams, moshpits et circle pits encouragés par la chanteuse qui a livré une performance à couper le souffle. Une véritable bombe, dans tous les sens du terme. Malheureusement, toute bonne chose ayant une fin, le groupe salue la foule avant de se retirer sur « Fields Of Desolation ».

Après une telle déferlante aux relents révolutionnaires, l’on se remet de ses émotions en revenant à quelque chose d’un peu plus calme, mais pas moins énergique avec les thrashers américains de Sacred Reich.

Ensuite, nous retrouvons une des fiertés belges qui n’est autre que Channel Zero. C’est une date emblématique pour le groupe aujourd’hui, car il y a pratiquement un an jour pour jour, lors de la précédente édition du même festival où le combo devait se produire, que nous apprenions le décès brutal de Phil Baheux, le batteur du groupe. C’est donc le coeur lourd que les musiciens montent sur scène ce soir en commençant par une minute de silence en souvenir de leur camarade trop tôt disparu. Après quoi, Channel Zero monte dans les tours pour offrir au public un show des plus hargneux comprenant ses meilleurs titres, ainsi que l’extrait de leur prochain album, « Duisternis », un titre à la fois interprété en Néerlandais, en Français et en Anglais.

Place maintenant à W.A.S.P, une légende de plus du Heavy Metal à afficher au palmarès de l’Alcatraz Festival. Il est loin le temps où les musiciens du groupe américain se promenaient les fesses à l’air et parés de talons hauts. Aujourd’hui, c’est en jeans-baskets que Blackie Lawless fait son show, les sourcils plus que grossièrement dessinés au crayon noir. Ce soir, le groupe interprète « On Your Knees », « The Torture Never Stops », « The Real Me », « L.O.V.E. Machine », « Wild Child », « Sleeping », « Forever Free », « I Wanna Be Somebody », « The Titanic Overture », « The Crimson Idol Medley » qui, comme son nom l’indique reprend plusieurs titres de l’album « The Crimson Idol », « The Idol » et  « Blind in Texas ». Tout cela, pour un public en liesse qui s’agite avec entrain au son des guitares et qui reprend les refrains en choeur.

Après un dernier changement, c’est déjà au tour de Twisted Sister de clôturer le festival et nous n’en attendons pas moins du groupe pour le faire comme il se doit. Nous n’allons pas être déçus ! Après une introduction en fanfare sur un titre d’AC/DC, « It’s A Long Way To The Top », les musiciens bondissent sur la scène avec « Stay Hungry », suivi de « The Kids Are Back », « You Can’t Stop Rock ‘n’ Roll », « Captain Howdy », « Street Justice », « We’re Not Gonna Take It », «Shoot ‘Em Down », « I Believe In Rock ‘n’ Roll », « Under The Blade », « The Fire Still Burns », « The Price », « Burn In Hell » et bien sûr, le mythique « I Wanna Rock », dont la fin est transformée par « I wanna fuck » repris sans complexe par un public endiablé. Mais Twisted Sister ne pouvait pas quitter les planches sans remettre une couche de « We’re Not Gonna Take It », suivi de « SMF ». Et juste pour le plaisir de chacun, le groupe lance une dernière fois le refrain de « We’re Not Gonna Take It », pourquoi s’en priver si on ne s’en lasse pas ? Enfin, on ne peut parler de ce concert sans évoquer la forme incroyable que tient encore le groupe après toutes ces années et en particulier Dee Snider qui, en plus d’avoir encore la touffe platine vigoureuse de ses vingt ans, se trouve être une véritable bête de scène, n’hésitant pas à exploser sur scène, à ramper sur le sol et à tomber le t-shirt pour dévoiler une plastique exemplaire pour ses presque soixante ans. C’est hallucinant. Il est inutile de mentionner que la fête était au rendez-vous côté public tout au long du set. Un pur moment de live qui met un point final d’exception à cette édition 2014 de l’Alcatraz.

Et voilà, l’heure du bilan a sonné, même si l’on profite encore un peu du site du festival pour dépenser ses derniers jetons au bar ou pour dire au revoir à ses nouveaux amis rencontrés au cours de ces deux jours. Deux jours assez géniaux où les groupes se sont succédés sur scène sans encombre, proposant des prestations de grande qualité et cela, pour tous les goûts : pas le temps de s’ennuyer avec une affiche aussi variée. En ce qui concerne le son, d’une manière générale, la qualité était excellente : pas de couac technique et possibilité d’écouter les concerts de près sans risquer de faire saigner ses tympans. Aussi, le prix des tickets boissons fixé à deux euros est assez raisonnable pour un festival de cette envergure. Dans les points positifs, l’on peut également mentionner l’organisation de signing sessions, ce qui est toujours agréable pour le public. Il ne faut pas non plus oublier de mentionner l’accueil exemplaire et l’amabilité de la plupart des bénévoles qui n’hésitent pas à vous renseigner si vous RENCONTREZ  un problème. Le seul point noir, au final, concerne l’encadrement de la presse, inexistant. Enfin, c’est un détail en comparaison des superbes moments passés à cet Alcatraz, qui semble être une véritable réussite, surtout si l’on en croit les médias qui annoncent plus de 10.000 visiteurs tout au long du week-end. Tout cela est passé bien vite et nous avons regagné nos foyers avec un petit pincement au coeur, certes, mais la tête remplie de souvenirs inoubliables. Alors, Alcatraz, on se revoit dans un an ?
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merci a isa et eric .
Les photos sont réalisées par Eric de Riff d’Enfer, à l’exception des photos de Lacuna Coil et de W.A.S.P. Celles-ci sont réalisées par Snorri de The Horns Photography.

channel zero



Channel Zero : Interview @ Alcatraz Festival

Après la disparition brutale de Phil Baheux, batteur au sein de Channel Zero, le groupe belge de renommée internationale a dû faire face à de nombreux moments de doute. Un an plus tard, malgré le triste souvenir qui y est lié, les musiciens reviennent à l’Alcatraz pour célébrer la mémoire de leur ami. L’occasion pour nous de RENCONTRER Tino De Martino, le bassiste et de revenir sur cette année difficile, mais aussi d’évoquer les nouveaux projets qui permettent aujourd’hui au groupe d’aller de l’avant.





























 
Isa : C’est un jour un peu spécial pour Channel Zero aujourd’hui, comment avez-vous décidé d’aborder le concert de ce soir ?
Tino : Oui, c’est un jour spécial, en effet. Je crois que, en tout cas personnellement et pour le groupe, que le jour le plus compliqué, ce sera demain, en fait. Demain, ça fait un an exactement. C’est vrai qu’il y a un an on devait jouer à l’Alcatraz et voilà, ça s’est passé… Je crois qu’on a essayé de… On est venu ici en se disant : « On va jouer. On joue pour Phil. On le fait pour lui. De toute façon, il est là tout le temps avec nous, donc on fera comme pour tous les autres concerts ». Mais c’est vrai qu’aujourd’hui, il y a énormément de personnes qui sont venues chez nous en discuter et ça, émotionnellement, c’était assez fort aussi.
Isa : Et au niveau du show, ça s’est passé comment ? Ça a été ? Tu peux me donner tes impressions ?
Tino : Ça a été. En fait, je crois que pour nous, en tout cas, c’est quelque chose qui nous booste, qui nous donne envie de continuer, d’aller en avant et donc… Je sais que pour moi, personnellement, en tout cas ce soir, tout le temps, c’était en pensant à lui : « Putain, regarde ce que je fais ! On y va, on le fait pour toi ! »
Isa : Justement, le fait de continuer la formation, ça rend votre hommage encore plus fort, mais ça n’a pas dû être un choix facile à prendre, de se dire de continuer ?
Tino : Non, bien sûr que non, ça a été extrêmement difficile, en fait. Et pendant un petit temps, en fait on n’y pensait pas du tout au début, pour nous c’était terminé. Et puis bon, c’est vrai qu’à un moment on s’est dit : « Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? On est là tous les trois, qu’est-ce qu’on fait ? » Et c’est vrai que ça peut sonner comme déjà entendu, mais vraiment, je crois qu’il nous aurait botté le cul si on avait dit : « On ne le fait pas, on arrête ».
Eric : Je crois aussi, le connaissant, un homme de coeur comme ça, il aurait dit : « Les gars, vous devez continuer et basta ! »
Tino : Oui et puis de toute façon, ce qu’il y avait c’est que l’album, on avait déjà commencé à le composer avec lui, la pré-production était faite avec lui et on devait, je crois que c’était le 12 août, on devait rentrer en studio avec Phil. Et donc, c’était là. Et ne pas enregistrer cet album, ça ne l’aurait pas fait, en fait, ce n’était pas possible : il fallait qu’on le fasse.
Isa : Mais venons-en, justement, à « Kill All Kings », dans quelles conditions cela s’est passé ? Là, tu viens de le dire, mais concrètement entre vous…
Tino : En fait, ce qu’il y a, c’est qu’on a pris un petit temps avant de recommencer l’enregistrement. On a tout annulé et finalement l’enregistrement s’est fait en novembre, donc quelques mois après. C’était quand même relativement difficile, moi je n’ai pas participé à l’enregistrement des batteries qui se passait à Los Angeles, en fait, moi je l’ai fait en Belgique. Mais je sais, en en discutant et en voyant Francky et Mikey tous les jours via Skype, c’était difficile pour eux. Parce qu’évidemment c’était un autre batteur, donc avec une autre frappe, une autre façon de jouer, aussi et même s’il a respecté un maximum ce que Phil avait composé.
Isa : D’accord. Est-ce que tu sais si l’album est un concept album, ou vous abordez des thèmes différents ? En d’autres mots : est-ce qu’il y a un thème principal à l’album ?
Tino : Non, je pense que… Oui, on pourrait trouver un thème principal qui est le mal-être et les problèmes de société, comme peut-être, je pense, énormément de groupes ont envie d’aborder. De là à l’appeler un concept album, non.
Isa : Ok et est-ce que par exemple, tu pourrais nous expliquer un titre qui te tient plus particulièrement à coeur ?
Tino : Oui, mais tous les titres me tiennent à coeur, donc… Je ne sais pas…
Isa : Alors on peut peut-être parler de « Duisternis », qui est chanté en trois langues, pourquoi ce choix ?
Tino : Pourquoi ce choix ? Eh bien, en fait, on était occupé à enregistrer et Francky avait mis ses voix dessus et… C’est vraiment très con, en fait, on se regardait et on se disait : « Oui, non, peut-être… » et à un moment donné il a dit : « Attendez, j’ai une idée ! Je vais essayer autre chose, je vais essayer de le faire dans ma langue ». Et ça donnait, en fait, ça donnait vraiment super bien et puis là il s’est dit : « Ben alors, je vais le faire en français aussi ». Et voilà, c’était juste ça, le fait de se rendre compte que ça donnait vraiment bien, alors voilà, on s’est dit « On y va ! »
Isa : Et l’accueil est bon, en plus !
Tino : Mais oui, l’accueil est bon, donc… En Belgique, oui, mais je ne sais pas ce que ça donnera aux États-Unis, on verra !
Eric : Vous allez retourner aux États-Unis ?
Tino : Non, il n’y a rien de prévu pour l’instant, rien de concret.
Isa : Je pense que ça va le faire, ça sonne un peu exotique, comme ça…
Tino : Oui, on espère, mais bon…
Isa : Sinon, à propos de l’artwork, tu sais qui l’a réalisé ?

 

Tino : Oui, c’est un mec de Bruges qui fait des sculptures en métal. Et Francky était passé un jour là, parce qu’il habite à Bruges, et il a vu ça, il s’est dit : « Wow, c’est quoi ça ? » et puis il est venu avec quelques photos… On avait pas mal d’idées, en fait, pour l’artwork en général, mais ça c’est resté, parce que ses sculptures sont incroyables !
Eric : Et le pied de micro, alors, c’est lui qui l’a sculpté ?


 
 
Tino : Oui, c’est le même mec. Oui, il a fait pas mal de choses aussi, en septembre on a une vidéo qui sort et il y a d’autres éléments qui vont apparaître du même sculpteur. Et entre parenthèses, la tête qu’on voit sur la pochette, c’est un tigre qui fait 150 kilos, ou même plus je pense, parce qu’il a un moteur diesel et tu le branches et c’est parti, il part tout seul.
Isa : Vous ne l’avez pas avec vous ?
Tino : Non, on ne l’a pas ici, malheureusement, je ne pense pas que les scènes l’acceptent.
Eric : 150 kilos ça fait short !
Tino : Non mais je pense que c’est même plus, tu sais, parce qu’il a un moteur et tout et si tu te mets dessus, tu pars.
Isa : Excellent ! Sinon, vous avez fait appel à Seven Antononopoulos pour tourner avec vous, est-ce qu’on peut considérer qu’il intègre le groupe de façon définitive ?
Tino : Je pense qu’il est encore trop tôt pour décider de ça. Il fait super bien son boulot, même plus que super bien, c’est un mec qui est super chouette. Non seulement c’est un musicien incroyable, mais qui est super humble aussi et on s’entend super bien avec lui et d’un autre côté, c’est bien qu’il ait compris qu’on a besoin de temps. Donc, petit à petit… Il reste avec nous de toute façon et on verra ce qui va se passer dans le futur. On a le temps.
Isa : Maintenant, on va faire un flashback : en 1990 Channel Zero a sorti une démo 4 titres en auto production, ce qui fait déjà pratiquement 25 ans de carrière…
Tino : Oh mais ça c’est chouette ! Moi je n’y étais pas, moi je suis rentré il y a cinq ans, j’ai 30 ans ! (rires) Non, mais bon…
Isa : Allez, si tu considérais ces 25 ans de carrière…
Eric : Sans compter les années d’interruption.
Tino : Ah mais ça fait plein de super souvenirs et de choses que… Je ne dis pas que je referai tout, mais… Finalement, si j’avais le même âge, je referai exactement la même chose.
Eric : S’il y a une chose que tu devais refaire, vraiment, ce serait quoi ?
Tino : Mais finalement, c’est ça que j’allais dire, je pense que je referai pratiquement tout avec Channel Zero, parce que ces premiers dix ans étaient vraiment fabuleux, en fait. On a fait plein de choses, on a tourné énormément, on a vécu plein de choses super intéressantes.
Isa : Tu as un souvenir préféré qui te revient, comme ça, là ?
Tino : Mais je crois que, justement, c’était l’Australie.
Eric : Pour moi, c’était… On en parlait en tant que jeunes qui écoutaient Channel, à l’époque, pour nous c’était LE groupe phare de la Belgique, qui était représenté aux quatre coins du monde, c’était extra.
Tino : Mais c’était aussi notre première tournée en tête d’affiche et donc voilà, tu pars en tête d’affiche et tu fais une tournée en Australie… On avait 25 ans, je pense, un truc comme ça, t’as des avions entre les concerts… Ah c’était bien, oui, c’était vraiment bien ! On a eu deux semaines de stars, voilà ! Après on est revenu en Belgique, c’était terminé ! (rires)
Isa : Justement, dans ta position, si tu devais donner un conseil aux jeunes musiciens qui veulent vivre le même genre d’aventure, qu’est-ce que tu leur dirais ?
Tino : Je vais le dire en anglais, c’est : « Never give up » ! C’est vrai, ça sonne con, mais voilà, il ne faut jamais jamais laisser tomber, toujours continuer et s’il y a une porte qui ne s’ouvre pas, essaye l’autre, continue et si tu es sûr de ce que tu fais, si tu es sûr de ce que tu as envie, eh bien vas-y, quoi !
Isa : Et en relation avec ça, qu’est-ce que tu penses, toi, aujourd’hui de la nouvelle génération Metal, de ce qu’on entend actuellement ?
Tino : Eh bien figure-toi que j’ai été pendant longtemps accroché à ma vieille génération Metal et puis ma fille, en fait, me fait découvrir la nouvelle génération et je me rends compte que, putain, il y a plein de bonnes choses ! Bon, je ne vais pas le dire, mais il y a des choses que j’aime un peu moins, mais il y a vraiment de bonnes choses aussi.
Isa : Tu as un exemple de groupe ?
Tino : Oui, je passerais peut-être pour un naze, en fait, parce que j’ai l’impression que tout le monde connaît, mais moi je ne connaissais pas, c’est Suicide Silence. Mais voilà, elle m’a fait écouter ça et j’étais vraiment sur le cul ! Et il y a Of Mice And Men, aussi…
Isa : Donc plutôt Metalcore ?
Tino : Oui, c’est ça.
Isa, à la fille de Tino : Quel est ton groupe préféré ?
Fille : Black Veil Brides, je pense.
Isa : Sinon, Tino, quel est le dernier CD que tu as écouté ?
Tino : Je n’écoute plus de CD, j’écoute tout en mp3 et qu’est-ce que j’ai écouté dernièrement ? Allez, disons la dernière vidéo que j’ai regardée sur Youtube, c’était Janis Joplin.
Eric : Mais c’est excellent !
Tino : Ouais, c’était « Move Over ». C’est un morceau incroyable, en fait. Et avec Francky, hier, on s’écoutait Deep Purple.
Eric : Ça n’a pas vieilli, moi je les ai vu au Hellfest, la patate !
Isa : Justement, puisqu’on parle de musique, si tu devais prendre cinq albums avec toi sur une île déserte…
Tino : Cinq albums… Je prendrai le « Rock For Light » de Bad Brains. Je prendrai le « Raining Blood » de Slayer. Je prendrai, franchement, je crois que je prendrai le dernier de Channel. Encore deux ? Ah c’est vraiment trop ! Je prendrai le « Vulgar Display Of Power » de Pantera. Et puis j’en prendrai un comme ça, je ne sais pas, je verrai bien ce qui sort !
Isa : Au hasard, donc ?
Tino : Oui, au hasard et voilà, je tombe sur « Thriller » de Michael Jackson !
Eric : Excellent choix ! Ça me fait plaisir, en plus, parce que je suis fan aussi !
Tino : Ou Bruno Mars !
Isa : Sérieux ? C’est excellent…
Tino : Ah non, mais il tue ! Je trouve qu’artistiquement, il est terrible !
Isa : Peut-être un nouveau Michael ?!
Tino : C’est ce qu’on dit !
Isa : Sinon, tu peux nous parler des futurs projets de Channel Zero ?
Tino : Ecoute, maintenant c’est la fin des festivals d’été, il y a pas mal de petites choses qui sont en train de bouger, un peu partout dans le monde et donc maintenant on est un peu en attente, en fait, de voir qu’est-ce qui va se faire, qu’est-ce qui est possible ? Et maintenant c’est le boulot des managers…
Isa : L’impression que j’ai, c’est que vous prenez à chaque fois le temps de poser les choses, de prendre votre temps, non ?
Tino : En fait ce qu’il y a, c’est qu’on a appris maintenant avec les années que ça ne sert à rien non plus de courir dans tous les sens et de, justement… La vie d’un groupe… Enfin, tu peux bousiller ton groupe en une semaine avec une connerie que tu fais, tu décides de partir dans cette direction-là et c’est pas la bonne, c’est foutu, quoi. Et ça, on l’a appris avec les années, on est parfois parti dans de mauvaises directions. Et donc maintenant on prend le temps, on a le temps de toute façon et on verra ce qui se passe !
Isa : D’accord, ce n’est pas plus mal comme fonctionnement.
Tino : Et puis bon, voilà, je crois qu’il y a l’âge, le fait qu’on ait tous une famille aussi, donc… Et on pense à se dire que si c’est bon on y va. Mais partir comme ça, se dire on prend un van et on va sur les routes d’Europe comme des fous pendant trois mois, non, c’est un peu plus cool quand même.
Isa : D’accord. Eh bien ici, j’arrive déjà au mot de la fin, je ne sais pas si Eric…
Eric : Oui, justement, j’ai encore une question, est-ce que vous envisagez déjà de postuler pour les fests de 2015 ?
Tino : C’est déjà en pour-parlers, oui.
Eric : Pour le Hellfest ?
Tino : Ca, je ne sais pas, mais je sais que les festivals 2015 sont déjà ”occupés” et l’Europe, en général. Et d’autres choses !
Isa : Surprise, donc !
Eric : Et comme justement Isabelle le disait, on te laisse le mot de la fin, on le laisse à Channel Zero…
Tino : Ah ça, c’est toujours fabuleux le mot de la fin ! (rires)
Isa : Et là, il nous dit : « Le-mot-de-la-fin » !
Tino : Non, je dirais simplement que, je crois que tous les quatre dans Channel Zero on espère vraiment que cet album… Je ne dirais pas que cet album marche, en fait, mais que cet album plaise aux gens et que quand les gens l’écoutent, qu’ils se disent que c’est un bon album, parce que pour nous c’est un album super important, avec tout ce qui s’est passé et c’est vraiment quelque chose qui nous tient profondément à coeur. Voilà, merci.
Isa & Eric : MerciHaut du formulaire
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