mercredi 22 avril 2015

L’Alcatraz Festival, les 8 et 9 août 2014Ce week-end, je suis allée couvrir, mais aussi découvrir le fameux festival Alcatraz pour la première fois. Cela, bien que l’événement existe depuis 2008. D’année en année, le festival n’a cessé de s’améliorer pour proposer aujourd’hui un rendez-vous d’envergure à tous les amoureux du Metal et ce deux jours durant. Avant de débuter le report à proprement parler, il est de mon devoir de signaler que cette nouvelle aventure journalistique s’est déroulée en partenariat avec Eric Andres de l’émission Riff d’Enfer, diffusée sur les ondes de RQC. On y va, maintenant ?

En arrivant aux portes du site du festival, quelques visiteurs sont déjà en faction çà et là dans l’attente de l’ouverture, une attente relativement longue, il faut le reconnaître et c’est bientôt une petite centaine de visiteurs qui se parque devant les différents guichets. Mais la peine des festivaliers traditionnels est rapidement écourtée, tandis que la file s’allonge du côté des guests, des journalistes et des VIP. Un seul guichet pour tous ces gens, cela semble peu, en effet. Passons les détails sur le mécontentement de certains qui ne reçoivent pas les bonnes accréditations et les négociations assorties. L’on pourrait croire que cela commence mal, d’autant plus qu’en entrant enfin sur le site, le set de nos compatriotes de Diablo Blvd. est déjà bien entamé et c’est au son de leur mélange atmosphérique de Metal et de Rock que nous visitons l’espace VIP. Un espace aménagé avec goût, d’une part sous une vaste tonnelle où se situent le bar, ainsi que des tables hautes, mais aussi quelques fauteuils et autres poufs aux couleurs du festival adorablement confortables. Sans oublier la présence d’un imposant taureau signé Jupiler et d’une illustration de la mascotte du festival tendue sur une toile géante. Et puisque nous évoquons la déco, nous pouvons également parler de l’idée tout bonnement géniale d’avoir couvert toutes les barrières entourant la plaine du festival de bâches illustrées, tantôt de briques, tantôt de reproductions de photos d’artistes réalisées, notamment, par le jeune photographe belge Tim Tronckoe.

Enfin, ne nous attardons pas trop car les charmants Suédois qui composent Avatar, véritable étoile montante de la scène moderne, entrent en scène avec un « Hail The Apocalypse » tonitruant annonçant un set débordant d’énergie et, malgré un ciel couvert, les premiers festivaliers semblent conquis et certains opinent déjà allègrement du chef. Les titres s’enchaînent rapidement et le chanteur, dont l’apparat rappelle celui d’un clown macabre, assure le show avec une gestuelle prononcée. L’on notera tout de même quelques fausses notes dans les parties de chant clair.

Après ce concert un peu court mais convaincant, c’est au tour des Américains de Hellyeah de réchauffer l’assemblée, un groupe composé notamment de deux pointures du Metal : Chad Gray – et sa houppette rose – au micro, également au sein de Mudvayne, ainsi que de Vinnie Paul, qui n’est autre que le fondateur de Pantera. Mais avec Hellyeah, les musiciens évoluent aujourd’hui dans un tout autre style s’apparentant à un Hard Rock acéré et remuant, à l’image des musiciens qui se démènent sur scène. Y’a pas à dire, ça déménage !

Et c’est déjà au tour de Lacuna Coil de passer à la casserole. Sauf que, comme on dit en Belgique : ça drache ! En d’autres termes, il pleut des cordes. Mais cela ne dissuade aucunement les fans de la première heure qui ne ratent pas une miette du show, au même titre que les courageux photographes qui ont bravé les éléments pour immortaliser une Cristina Scabbia magistrale et trempée. En effet, la belle Italienne n’a pas eu peur de se mouiller, allant même jusqu’à se coucher sur le sol inondé à l’avant de la scène. Un moment intense de communication avec le public, à n’en pas douter. En ce qui concerne la setlist, le groupe semble avoir choisi de faire la part belle à son dernier opus « Broken Crown Halo », tout en intégrant quelques titres de « Dark Adrenaline », comme « Trip The Darkness ». Sans oublier l’incontournable « Our Truth » pour terminer en beauté.

Ce n’était vraiment pas de chance pour les Italiens, car après cette averse mémorable, le temps s’est adoucit pour permettre au public d’acclamer la curiosité du jour, j’ai nommé Keith ”Mina” Caputo, le chanteur désormais transgenre de Life Of Agony. Avec sa longue chevelure, son petit décolleté et le derrière moulé dans un slim, Mina minaude sur scène sans complexe et exécute chaque titre en mettant énormément de coeur dans ses interprétations. À un moment donné, la chanteuse, dont la voix est tout de même restée masculine s’est accroupie langoureusement et s’est adressée au public : « Do you wanna see my tits ? Do you wanna see my dick ? », mais même si le public a répondu par la positive aux deux questions, le mystère reste entier. Enfin, que l’on soit venu observer le phénomène ou apprécier la musique, personne ne peut être déçu du spectacle donné ce soir par un Life Of Agony  qui, malgré ses 25 ans de carrière, n’a pas pris une ride !

On enchaîne en changeant complètement d’ambiance avec la troupe maléfique de Cradle Of Filth menée par un Dani Filth qui s’est grimé et paré avec le plus grand soin ce soir. Vocalement, le chanteur s’applique également et inonde la foule en délire de ses cris stridents. Même si l’on peut trouver ce genre de sonorités irritantes, on ne peut nier la qualité de la performance. L’agressivité des hurlements est cependant adoucie par les interventions lascives de la nouvelle claviériste du groupe, Lindsay Schoolcraft, ainsi que par les nombreux passages mélodiques. Enfin, bien que Dani demeure assez statique durant sa prestation, les autres musiciens ont su occuper l’espace pour rendre le show dynamique. N’oublions pas non plus les quelques effets pyrotechniques lancés depuis la tour de régie.

Le soir tombe lentement sur Courtrai à présent et il est déjà temps d’accueillir l’idole de plusieurs générations de chevelus : Marilyn Manson. Qu’on l’admette ou non, il semble en effet que le personnage incarné par Brian Warner ait marqué le parcours musical de beaucoup de gens. Et c’est sur un air de Mozart que le chanteur à la réputation sulfureuse fait son apparition sur scène pour interpréter la plupart de ses hits : « Angel With the Scabbed Wings », « Disposable Teens », « No Reflection », « Hey, Cruel World », « Get Your Gunn », « Personal Jesus », « Mobscene », « The Dope Show », « Rock Is Dead », « Tourniquet », « Sweet Dreams », « This Is the New Shit », « Irresponsible Hate Anthem », « Antichrist Superstar » et « The Beautiful People ». Tant d’hymnes qui ont traversé les époques et qui demeurent toujours aussi efficaces : les gens chantent, dansent, headbanguent,… Donc, bien que le chanteur limite la communication avec le public, l’ambiance est assurée. En ce qui concerne la performance vocale, il n’y a pas grand-chose à reprocher cette fois-ci par rapport à certaines autres prestations désastreuses dont on avait déjà entendu parler. Aussi, même si Brian est un peu plus joufflu que dans ses jeunes années, son charisme est intact. Le chanteur n’a pas hésité à jouer avec divers accessoires tout au long du set : micros customisés, masques, capes, chapeau de marin, etc. L’on peut donc dire que le premier acte de l’Alcatraz Festival s’est bien déroulé.

Le samedi matin, le ciel est dégagé, nous sommes parés pour une belle seconde journée de festival qui commence avec un set plutôt enflammé des rockeurs américains de Four By Fate, suivi de deux groupes de Thrash plus old school : Toxik et Xentrix. Par ailleurs, en arrivant sur le site du festival, nous remarquons qu’il y a beaucoup plus de monde que la veille, de bon augure pour les organisateurs. Mais revenons-en aux événements avec l’arrivée de Prong, le trio américain qui propose un Metal difficile à définir, mêlant diverses influences sur une base de Thrash. C’est assez sympa, très énergique et les musiciens se montrent assez remuants.

Tout va très vite, il est temps de se faufiler dans la foule pour essayer d’atteindre le premier rang afin de pouvoir voir de près la nouvelle reine du Metal, à savoir la belle canadienne Alissa White-Gluz, anciennement chanteuse au sein de The Agonist, qui se retrouve aujourd’hui à la tête d’Arch Enemy, leader en matière de Death Metal à chant féminin. Même le soleil se montre curieux et vient inonder les festivaliers de sa clarté et c’est sur l’intro de l’album « Khaos Legion » que les musiciens apparaissent sur scène pour embrayer directement sur « Yesterday Is Dead And Gone ». Dès les premières notes, la voix d’Alissa fait l’effet d’un coup de poing en pleine figure. Même si Angela, pour tout ce qu’elle a pu apporter à la scène au cours de ses années de service, manquera forcément, la relève est pleinement assurée  et l’accueil du public semble unanime. Ainsi, Arch Enemy enchaîne les titres, proposant un best of de sa carrière, tout en mettant en avant quelques nouveaux titres de son dernier opus : « War Eternal », « Ravenous », « My Apocalypse », « You Will Know My Name », « Bloodstained Cross », « As The Pages Burn », « Dead Eyes See No Future », « No Gods, No Masters », « We Will Rise » et « Nemesis ». Tout au long du set, nous avons pu observer plusieurs mouvements de foule : slams, moshpits et circle pits encouragés par la chanteuse qui a livré une performance à couper le souffle. Une véritable bombe, dans tous les sens du terme. Malheureusement, toute bonne chose ayant une fin, le groupe salue la foule avant de se retirer sur « Fields Of Desolation ».

Après une telle déferlante aux relents révolutionnaires, l’on se remet de ses émotions en revenant à quelque chose d’un peu plus calme, mais pas moins énergique avec les thrashers américains de Sacred Reich.

Ensuite, nous retrouvons une des fiertés belges qui n’est autre que Channel Zero. C’est une date emblématique pour le groupe aujourd’hui, car il y a pratiquement un an jour pour jour, lors de la précédente édition du même festival où le combo devait se produire, que nous apprenions le décès brutal de Phil Baheux, le batteur du groupe. C’est donc le coeur lourd que les musiciens montent sur scène ce soir en commençant par une minute de silence en souvenir de leur camarade trop tôt disparu. Après quoi, Channel Zero monte dans les tours pour offrir au public un show des plus hargneux comprenant ses meilleurs titres, ainsi que l’extrait de leur prochain album, « Duisternis », un titre à la fois interprété en Néerlandais, en Français et en Anglais.

Place maintenant à W.A.S.P, une légende de plus du Heavy Metal à afficher au palmarès de l’Alcatraz Festival. Il est loin le temps où les musiciens du groupe américain se promenaient les fesses à l’air et parés de talons hauts. Aujourd’hui, c’est en jeans-baskets que Blackie Lawless fait son show, les sourcils plus que grossièrement dessinés au crayon noir. Ce soir, le groupe interprète « On Your Knees », « The Torture Never Stops », « The Real Me », « L.O.V.E. Machine », « Wild Child », « Sleeping », « Forever Free », « I Wanna Be Somebody », « The Titanic Overture », « The Crimson Idol Medley » qui, comme son nom l’indique reprend plusieurs titres de l’album « The Crimson Idol », « The Idol » et  « Blind in Texas ». Tout cela, pour un public en liesse qui s’agite avec entrain au son des guitares et qui reprend les refrains en choeur.

Après un dernier changement, c’est déjà au tour de Twisted Sister de clôturer le festival et nous n’en attendons pas moins du groupe pour le faire comme il se doit. Nous n’allons pas être déçus ! Après une introduction en fanfare sur un titre d’AC/DC, « It’s A Long Way To The Top », les musiciens bondissent sur la scène avec « Stay Hungry », suivi de « The Kids Are Back », « You Can’t Stop Rock ‘n’ Roll », « Captain Howdy », « Street Justice », « We’re Not Gonna Take It », «Shoot ‘Em Down », « I Believe In Rock ‘n’ Roll », « Under The Blade », « The Fire Still Burns », « The Price », « Burn In Hell » et bien sûr, le mythique « I Wanna Rock », dont la fin est transformée par « I wanna fuck » repris sans complexe par un public endiablé. Mais Twisted Sister ne pouvait pas quitter les planches sans remettre une couche de « We’re Not Gonna Take It », suivi de « SMF ». Et juste pour le plaisir de chacun, le groupe lance une dernière fois le refrain de « We’re Not Gonna Take It », pourquoi s’en priver si on ne s’en lasse pas ? Enfin, on ne peut parler de ce concert sans évoquer la forme incroyable que tient encore le groupe après toutes ces années et en particulier Dee Snider qui, en plus d’avoir encore la touffe platine vigoureuse de ses vingt ans, se trouve être une véritable bête de scène, n’hésitant pas à exploser sur scène, à ramper sur le sol et à tomber le t-shirt pour dévoiler une plastique exemplaire pour ses presque soixante ans. C’est hallucinant. Il est inutile de mentionner que la fête était au rendez-vous côté public tout au long du set. Un pur moment de live qui met un point final d’exception à cette édition 2014 de l’Alcatraz.

Et voilà, l’heure du bilan a sonné, même si l’on profite encore un peu du site du festival pour dépenser ses derniers jetons au bar ou pour dire au revoir à ses nouveaux amis rencontrés au cours de ces deux jours. Deux jours assez géniaux où les groupes se sont succédés sur scène sans encombre, proposant des prestations de grande qualité et cela, pour tous les goûts : pas le temps de s’ennuyer avec une affiche aussi variée. En ce qui concerne le son, d’une manière générale, la qualité était excellente : pas de couac technique et possibilité d’écouter les concerts de près sans risquer de faire saigner ses tympans. Aussi, le prix des tickets boissons fixé à deux euros est assez raisonnable pour un festival de cette envergure. Dans les points positifs, l’on peut également mentionner l’organisation de signing sessions, ce qui est toujours agréable pour le public. Il ne faut pas non plus oublier de mentionner l’accueil exemplaire et l’amabilité de la plupart des bénévoles qui n’hésitent pas à vous renseigner si vous RENCONTREZ  un problème. Le seul point noir, au final, concerne l’encadrement de la presse, inexistant. Enfin, c’est un détail en comparaison des superbes moments passés à cet Alcatraz, qui semble être une véritable réussite, surtout si l’on en croit les médias qui annoncent plus de 10.000 visiteurs tout au long du week-end. Tout cela est passé bien vite et nous avons regagné nos foyers avec un petit pincement au coeur, certes, mais la tête remplie de souvenirs inoubliables. Alors, Alcatraz, on se revoit dans un an ?
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merci a isa et eric .
Les photos sont réalisées par Eric de Riff d’Enfer, à l’exception des photos de Lacuna Coil et de W.A.S.P. Celles-ci sont réalisées par Snorri de The Horns Photography.

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