lundi 22 décembre 2014

Avatar : Interview @ Alcatraz Festival




Lors du festival Alcatraz se tenant à Courtrai le week-end dernier, festival couvert en partenariat avec l’émission Riff d’Enfer, il nous a été donné d’interviewer le batteur, John, ainsi que le chanteur, Johannes, du groupe suédois Avatar. Ce groupe, qui RENCONTRE actuellement un certain succès sur la scène européenne, pourrait donner l’impression qu’il sort de nulle part, comme un diable de sa boîte. Mais nous allons découvrir, à travers cet entretien, qu’Avatar a connu bien des déboires avant de briller sous le feu des projecteurs. Une belle leçon de courage, en quelques sortes, pour les groupes qui rêvent de percer.

Isa : Tout a commencé en 2001 pour Avarar, faisons un flashback pour savoir comment cela a commencé ?

John : Ça a commencé là d’où je viens, c’est une petite ville près de Gothenburg. Ça commence dans le hall de tennis de cette petite ville, où nous jouons au tennis. Moi et notre guitariste, jouions au tennis ensemble et on avait tous les deux 13 ou 14 ans et on est devenu amis parce que nous avons réalisé que nous aimions tous les deux le Metal. Il avait l’habitude de porter un t-shirt d’Iron Maiden et j’avais l’habitude d’en porter un de Metallica et c’est de là que tout est parti ! Et nous détestions jouer au tennis, parce que le tennis consiste à frapper dans la balle et non pas à frapper sur le type en face de toi sans le blesser. Donc, nous avons commencé à…

Johannes : À avoir des rencards !

John : Eh bien, après les leçons de tennis j’allais chez lui, RENCONTRER sa famille etc. et écouter du Heavy Metal. Il me montrait de nouveaux groupes et jouait un peu de guitare et j’étais là : « Hey, je devrais commencer à jouer de la batterie et on pourrait faire un groupe ! » Et c’est comme ça que cela a commencé, deux garçons de 14 ans qui se font pousser les cheveux…

Johannes : J’étais aussi à  Mölndan, mais cela a pris un an avant que je les rejoigne. Ils ont arrêté trois fois cette année-là.

John : Ouais, personne ne savait comment jouer d’un instrument.

Johannes : Nous avons appris comment jouer ensemble, en gros. J’étais le seul gosse dans la rue qui pouvait – Johannes fait une belle démonstration de pigsqueal – donc, oui, j’étais le meilleur chanteur de Metal en rue. Et donc, nous avons plus ou moins grandi ensemble depuis que nous sommes adolescents, réalisant tout ça ensemble.

Isa : Ok, on peut dire que l’album « Black Waltz », sorti en 2012 a été une sorte de tremplin pour Avatar dans certains pays, pouvez-vous en expliquer les raisons, selon vous ?

Johannes : On s’est démerdé ensemble !

John : Ce que Johannes veut dire, c’est qu’on a appris à jouer d’un instrument ensemble, je veux dire, il n’y a pas tant de groupes qui sont ensemble depuis 15 ans et qui sont toujours actifs. Tu sais, nos trois premiers albums n’ont RENCONTRÉ aucun succès, mais on a toujours eu des fans, que nous avons d’ailleurs gardé. Et ce qui s’est passé c’est que, tu vois, c’est qu’on n’a jamais arrêté d’apprendre depuis nos trois premiers albums, comment jouer, comment être un groupe, comment faire et comment tout fonctionne. On grandit toujours, même sous les projecteurs.

Johannes : Ouais… Notre premier album est sorti quand on avait 17 ou 18 ans, je pense.

John : Et « Black Waltz » est devenu un succès parce que c’est le premier album qu’on a fait seulement pour nous-mêmes. On avait fait un troisième album éponyme et nous avons essayé de plaire aux gens. On a ajouté des voix claires, essayé de faire quelque chose de plus soft… Et puis on a fait ce troisième album et encore une fois personne n’en a rien eu à faire ! Alors, à ce moment-là, Johannes et moi avons pris une bière dans mon bar préféré à Gothenburg et en gros on s’est dit : « On a fait trois albums, maintenant on commence à vieillir… » Ouais, on était comme dans une crise des 24 ans…

Johannes : Ouais, on se sentait vraiment vieux !

John : Et on était assez fauchés, sans argent, nous avions tout dépensé pour le groupe et tout le monde s’en foutait de ce qu’on faisait, donc on était comme : « Séparons-nous ! » Puis, Johannes m’a dit : « Prenons une autre bière. Tu te rappelles de ce riff ? »

Johannes : Je voulais vraiment finir cette chanson !

John : Ouais, on devait faire une chanson avec ce riff, ça sonnait tellement bien ! Donc j’ai dit : « Bien, faisons un comeback ! »

Johannes : Donc, on a quitté le groupe genre 20 minutes et puis on a fait une fête de reformation !

John : Ouais et les autres membres du groupe n’ont jamais su qu’on s’était séparés !

Johannes : Ouais, en fait ils l’ont su quelques années plus tard ! Ils étaient là : « C’est pas vrai ?! »

John : Après ça on a décidé : « Faisons cet album ! – qui était « Black Waltz » – Et faisons-le de la façon dont nous le voulons ! Parce que quand j’aurai 80 ans et que je serai presque mort, je veux sentir que j’ai fait quelque chose dont je suis fier ! » Et si personne d’autre ne s’en fait, merde, on voulait être heureux avec cet album !

Johannes : Et puis on l’a fait comme ça et avons appris à faire quelque chose qui venait de notre coeur et nous avons fait quelque chose pour notre bien-être et les gens y ont répondu tellement plus que si on ne l’avait pas fait comme ça. On ne peut pas simuler l’art !

Isa : « Hail The Apocalypse », votre dernier album a été enregistré en Thaïlande, produit par Thomas Lindell et mixé par Jay Ruston. Pourquoi ces choix ?

Johannes : La Thaïlande, parce que Tobias à déménagé là-bas et nous a dit : « Si vous voulez encore le faire avec moi – nous avons fait « Black Waltz » avec lui et on pensait qu’il était encore en Suède – j’ai déménagé en Thaïlande, donc vous devez l’enregistrer ici ! » Mais nous avons trouvé un très bon studio et c’était une belle opportunité de faire les choses différemment.

John : Aussi, à côté de ça, c’était bien de le faire différemment, parce que comme nous avions eu du succès avec « Black Waltz », c’était facile de retomber dans le même piège. Les gens vous disent : « Je pense que tu devrais faire ceci ou cela, parce que ça pourrait marcher. Faites quelque chose pour la radio ». Et bouger en Thaïlande pour enregistrer l’album, on devait le dire à tout le monde ici…

Johannes : « On se voit dans un mois, quand tout sera fait ! »

John : Ouais : « Au revoir, on se casse en Thaïlande et vous entendrez cet album  quand il sera fait ! » Tu sais, quand tu es en Suède, les gens viennent tout le temps te voir en studio et disent : « Pourquoi tu ne fais pas ça ? »

Isa : Donc, c’était mieux pour vous, finalement ?

Johannes : Ouais, c’était une très bonne chose ! Mais maintenant nous ne retournerons plus en Thaïlande, parce qu’on veut faire les choses d’une autre façon. En fait, on prévoir de faire quelque chose dans un château en France, mais nous devons écrire un bon album, bien sûr, et voir si c’est envisageable.

John : Et donc, c’est pour ça qu’on a choisi de travailler avec Tobias Lindell, qui avait aussi produit « Black Waltz ». On a pensé qu’on avait encore au moins un album à faire avec ce mec…

Johannes : Il a été d’une grande aide et a réalisé ce qu’on voulait faire avec « Black Waltz » et a pu ajouter quelques bons composants à cause de ça. Ensuite, ce qu’il y a c’est qu’il était aussi prévu qu’il fasse le mix, mais on a senti qu’il nous fallait des oreilles fraîches. Et Jay Ruston nous a été suggéré par notre tour manager. On était un peu nerveux à ce propos, parce que les Américains rendent les choses américaines, tu vois. Donc on allait lui envoyer un album d’Avatar et on avait peur de recevoir un album de Nickelback en retour ou quelque chose comme ça. Mais finalement, on a reçu un super album d’Avatar dans nos mains. Il a vraiment compris ce qu’on voulait faire.

Isa : « Hail The Apocalypse », le titre de l’album, mais aussi le premier titre à être sorti avec un clip, que nous avons trouvé bien réalisé, comment s’est passé l’écriture de ce clip ? Est-ce que cela vient de vous ?

Johannes : Oui, le clip fait vraiment partie de l’art, ça prend une grande place dans le projet artistique qu’est Avatar et c’est toujours nous, le groupe, qui nous asseyons dans notre pièce et nous commençons à étoffer nos idées. C’est basé sur notre propre vision et c’est comme un projet Punk Rock pour nous, on fait le plus qu’on le peut par nous-mêmes, à cause de la crise économique, mais aussi parce qu’on aime être sûrs que les choses se passent comme on le veut. Juste comme la musique, tu vois.

Isa : Et c’est la même chose pour chaque vidéo ?

Johannes : Ouais, parfois certaines idées viennent plus de Tim, ou un peu plus de moi ou de John, mais tout vient toujours de la même équipe que nous avons réussi à construire.

Isa : Il n’y a jamais de tensions ?

Johannes : Bien sûr ! On se bat fort ! Bien sûr, il y a des tensions, mais nous n’avons pas peur de nous bagarrer pour des idées, parce que si quelqu’un se bat pour une idée, c’est que probablement c’en est une bonne au final. Donc, les tensions sont bienvenues !

Isa : Je suppose que c’est la même chose pour le processus de composition du groupe ?

Johannes : Il y a moins de tensions quand on compose, j’ai l’impression. Ouais, parce qu’on se bagarre depuis plus longtemps à propos de l’écriture que pour les clips. Maintenant, nous avons été ces dernières années, la plupart du temps, dans une assez bonne ambiance. Tu sais, on se met beaucoup de pression à nous-mêmes pour faire quelque chose d’aussi bien que nous le pouvons. Ce qui veut dire que c’est fatiguant et on se challenge beaucoup les uns les autres, donc cela peut aussi créer des tensions, mais c’est inévitable et cela fait partie du deal. Si nous n’étions pas en tension ce serait probablement parce que l’un d’entre nous et paresseux et n’en a rien à faire.

Isa : Maintenant, toujours à propos des compositions, qui fait quoi ?

John : Tout le monde fait tout !

Johannes : Je ne peux pas me souvenir des parties que j’ai écrites. Parce que c’est comme si on se volait les uns les autres, on n’écrit pas ou on n’enregistre pas des choses tout seul, on ”jam” beaucoup ces temps-ci et on écrit sur les chansons des autres, il n’y a pas de : « Ma chanson ! » C’est un peu effrayant, tu sais. Et bien sûr cela veut dire que parfois quelqu’un a plus d’idées pour une chanson que les autres, mais c’est toujours comme si le produit fini était un résultat produit par le groupe.

Isa : Un vrai travail d’équipe, alors ?

Johannes : Ouais, absolument !

Isa : Est-ce que « Hail The Apocalypse » est un concept album ?

Johannes : Eh bien, pas vraiment, les chansons sont toutes écrites individuellement comme des idées individuelles et ont des concepts individuels. Tu vois, j’ai l’impression qu’à travers l’écriture il y a un fil rouge que tu peux suivre depuis le premier jour. Je suppose que chaque écrivain, chaque compositeur peut tirer des choses de la même source, c’est là que se trouve le fil rouge. Et l’apocalypse et les conséquences de nos actions, des choses comme ça font écho dans toute notre discographie. Donc, en ce sens, tout est assez proche et vient de la même source, mais ce n’est pas écrit de manière conceptuelle, on ne transmet pas une histoire ou quoi que ce soit.

Isa : Ok. Cependant, le titre « Get In Line » sonne un peu comme Rammstein, à cause des guitares, comment expliquez-vous cela ?

Johannes : On aime Rammstein !

John : Oui, on aime ça, mais je n’ai jamais pensé que ça sonnait comme Rammstein avant, mais…

Johannes : C’est marrant parce que c’est le plus grand fan de Rammstein !

John : Je pense que quand j’ai écrit cette chanson et que je l’ai enregistré, j’ai plutôt pensé que c’était plus comme du Punk.

Johannes : Pour moi aussi.

John : Ça ressemble à du Punk pour moi, comme du Punk brutal. Mais oui, quand on l’a sorti les gens ont aussi dit que ça ressemblait un peu à Rammstein.

Johannes : Mais je suppose que c’est à cause du riff principal, mais cette chanson forme un tout et les couplets ne sont pas tournés à la Rammstein, mais peut-être juste quelques morceaux, oui, Rammstein est une influence !

John : Mais c’est trop rapide pour être comme Rammstein.

Isa : Et que pensez-vous du public de festivals, en général ?

Johannes : J’aime beaucoup ça, parce que c’est là que tu RENCONTRES de nouvelles personnes et que tu peux toucher un autre public. Oui, on aime les festivals !

John : Ouais et on aime les métalleux et où il y a des métalleux, on aime ça !

Isa : Et qu’en est-il de votre expérience d’aujourd’hui ?

Johannes : C’était super, même si le show était tôt.

John : On est impatient de revenir. On sera de retour ici, dans cette ville, le 10 décembre en tête d’affiche et là on va donner tout ce qu’on a et ça va être génial !

Johannes : Mais vous êtes Français, non ? Où va-t-on jouer en France ?

John : À Paris et à Nancy, je pense…

Johannes : Oui, on a donc quelques dates françaises à venir aussi.

Isa : Ok, allons-y pour une dernière question, à propos de l’artwork de l’album, qui est vraiment sympa, qui l’a fait ? Et il semble, quand on le regarde, que le groupe a affronté la tempête auparavant et qu’Avatar est beaucoup plus fort aujourd’hui. Est-ce juste ?

Johannes : C’est vraiment cool de le voir comme ça, en fait, j’aime ça. C’est encore… Bien, c’est « Hail The Apocalypse » et l’apocalypse ce n’est pas mignon et c’est comme si on l’affrontait, comme tu l’as dit, tu vois, prendre le contrôle de cette tempête, faire face à ce qui se passe et se débrouiller avec les conséquences, c’est l’un des grands thèmes de l’album. Et qui l’a fait, c’est le bordel ! Ce sont trois artistes qui en ont inventé le concept, l’un a réalisé la photographie et un autre à incorporé l’artwork à la photo. Et l’idée vient d’un membre du groupe, je suppose… C’est vraiment comme un collectif artistique qu’on peut expérimenter, là.

Isa : Ok, peut-être une toute dernière question, pourquoi es-tu le seul à avoir un maquillage complet ?

John : C’est une longue histoire !

Isa : Vous n’avez pas la version courte ?

Johannes : Parce qu’on a découvert quand on a commencé à faire ça, c’était pour la vidéo de « Black Waltz », cela a éveillé quelque chose en moi, c’est connecté à moi et à tout le groupe, on l’a tous senti et vu. Cela colle avec ce qu’on fait.



MERCI ISA ET ERIC

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