Lors
du festival Alcatraz se
tenant à Courtrai le week-end dernier, festival couvert en
partenariat avec l’émission Riff
d’Enfer,
il nous a été donné d’interviewer le batteur, John, ainsi que le
chanteur, Johannes, du groupe suédois Avatar.
Ce groupe, qui RENCONTRE actuellement
un certain succès sur la scène européenne, pourrait donner
l’impression qu’il sort de nulle part, comme un diable de sa
boîte. Mais nous allons découvrir, à travers cet entretien,
qu’Avatar a connu bien des déboires avant de briller sous le feu
des projecteurs. Une belle leçon de courage, en quelques sortes,
pour les groupes qui rêvent de percer.
Isa
: Tout a commencé en 2001 pour Avarar, faisons un flashback pour
savoir comment cela a commencé ?
John :
Ça a commencé là d’où je viens, c’est une petite ville près
de Gothenburg. Ça commence dans le hall de tennis de cette petite
ville, où nous jouons au tennis. Moi et notre guitariste, jouions au
tennis ensemble et on avait tous les deux 13 ou 14 ans et on est
devenu amis parce que nous avons réalisé que nous aimions tous les
deux le Metal. Il avait l’habitude de porter un t-shirt d’Iron
Maiden et j’avais l’habitude d’en porter un de Metallica et
c’est de là que tout est parti ! Et nous détestions jouer au
tennis, parce que le tennis consiste à frapper dans la balle et non
pas à frapper sur le type en face de toi sans le blesser. Donc, nous
avons commencé à…
Johannes :
À avoir des rencards !
John :
Eh bien, après les leçons de tennis j’allais chez
lui, RENCONTRER sa
famille etc. et écouter du Heavy Metal. Il me montrait de nouveaux
groupes et jouait un peu de guitare et j’étais là : « Hey,
je devrais commencer à jouer de la batterie et on pourrait faire un
groupe ! »
Et c’est comme ça que cela a commencé, deux garçons de 14 ans
qui se font pousser les cheveux…
Johannes :
J’étais aussi à Mölndan, mais cela a pris un an avant que
je les rejoigne. Ils ont arrêté trois fois cette année-là.
John :
Ouais, personne ne savait comment jouer d’un instrument.
Johannes :
Nous avons appris comment jouer ensemble, en gros. J’étais le seul
gosse dans la rue qui pouvait – Johannes
fait une belle démonstration de pigsqueal –
donc, oui, j’étais le meilleur chanteur de Metal en rue. Et donc,
nous avons plus ou moins grandi ensemble depuis que nous sommes
adolescents, réalisant tout ça ensemble.
Isa
: Ok, on peut dire que l’album « Black Waltz », sorti
en 2012 a été une sorte de tremplin pour Avatar dans certains
pays, pouvez-vous en expliquer les raisons, selon vous ?
Johannes :
On s’est démerdé ensemble !
John :
Ce que Johannes veut dire, c’est qu’on a appris à jouer d’un
instrument ensemble, je veux dire, il n’y a pas tant de groupes qui
sont ensemble depuis 15 ans et qui sont toujours actifs. Tu sais, nos
trois premiers albums n’ont RENCONTRÉ aucun
succès, mais on a toujours eu des fans, que nous avons d’ailleurs
gardé. Et ce qui s’est passé c’est que, tu vois, c’est qu’on
n’a jamais arrêté d’apprendre depuis nos trois premiers albums,
comment jouer, comment être un groupe, comment faire et comment tout
fonctionne. On grandit toujours, même sous les projecteurs.
Johannes :
Ouais… Notre premier album est sorti quand on avait 17 ou 18 ans,
je pense.
John :
Et « Black Waltz » est devenu un succès parce que c’est
le premier album qu’on a fait seulement pour nous-mêmes. On avait
fait un troisième album éponyme et nous avons essayé de plaire aux
gens. On a ajouté des voix claires, essayé de faire quelque chose
de plus soft… Et puis on a fait ce troisième album et encore une
fois personne n’en a rien eu à faire ! Alors, à ce moment-là,
Johannes et moi avons pris une bière dans mon bar préféré à
Gothenburg et en gros on s’est dit : « On
a fait trois albums, maintenant on commence à vieillir… »
Ouais, on était comme dans une crise des 24 ans…
Johannes :
Ouais, on se sentait vraiment vieux !
John :
Et on était assez fauchés, sans argent, nous avions tout dépensé
pour le groupe et tout le monde s’en foutait de ce qu’on faisait,
donc on était comme : « Séparons-nous
! »
Puis, Johannes m’a dit : « Prenons
une autre bière. Tu te rappelles de ce riff ? »
Johannes :
Je voulais vraiment finir cette chanson !
John :
Ouais, on devait faire une chanson avec ce riff, ça sonnait
tellement bien ! Donc j’ai dit : « Bien,
faisons un comeback ! »
Johannes :
Donc, on a quitté le groupe genre 20 minutes et puis on a fait une
fête de reformation !
John :
Ouais et les autres membres du groupe n’ont jamais su qu’on
s’était séparés !
Johannes :
Ouais, en fait ils l’ont su quelques années plus tard ! Ils
étaient là : « C’est
pas vrai ?! »
John :
Après ça on a décidé : « Faisons
cet album ! –
qui était « Black Waltz » – Et
faisons-le de la façon dont nous le voulons ! Parce que quand
j’aurai 80 ans et que je serai presque mort, je veux sentir que
j’ai fait quelque chose dont je suis fier ! »
Et si personne d’autre ne s’en fait, merde, on voulait être
heureux avec cet album !
Johannes :
Et puis on l’a fait comme ça et avons appris à faire quelque
chose qui venait de notre coeur et nous avons fait quelque chose pour
notre bien-être et les gens y ont répondu tellement plus que si on
ne l’avait pas fait comme ça. On ne peut pas simuler l’art !
Isa
: « Hail The Apocalypse », votre dernier album a été
enregistré en Thaïlande, produit par Thomas Lindell et mixé par
Jay Ruston. Pourquoi ces choix ?
Johannes :
La Thaïlande, parce que Tobias à déménagé là-bas et nous a dit
: « Si
vous voulez encore le faire avec moi –
nous avons fait « Black Waltz » avec lui et on pensait
qu’il était encore en Suède – j’ai
déménagé en Thaïlande, donc vous devez l’enregistrer ici ! »
Mais nous avons trouvé un très bon studio et c’était une belle
opportunité de faire les choses différemment.
John :
Aussi, à côté de ça, c’était bien de le faire différemment,
parce que comme nous avions eu du succès avec « Black Waltz »,
c’était facile de retomber dans le même piège. Les gens vous
disent : « Je
pense que tu devrais faire ceci ou cela, parce que ça pourrait
marcher. Faites quelque chose pour la radio ».
Et bouger en Thaïlande pour enregistrer l’album, on devait le dire
à tout le monde ici…
Johannes :
« On
se voit dans un mois, quand tout sera fait ! »
John :
Ouais : « Au
revoir, on se casse en Thaïlande et vous entendrez cet album
quand il sera fait ! »
Tu sais, quand tu es en Suède, les gens viennent tout le temps te
voir en studio et disent : « Pourquoi
tu ne fais pas ça ? »
Isa
: Donc, c’était mieux pour vous, finalement ?
Johannes :
Ouais, c’était une très bonne chose ! Mais maintenant nous ne
retournerons plus en Thaïlande, parce qu’on veut faire les choses
d’une autre façon. En fait, on prévoir de faire quelque chose
dans un château en France, mais nous devons écrire un bon album,
bien sûr, et voir si c’est envisageable.
John :
Et donc, c’est pour ça qu’on a choisi de travailler avec Tobias
Lindell, qui avait aussi produit « Black Waltz ». On a
pensé qu’on avait encore au moins un album à faire avec ce mec…
Johannes :
Il a été d’une grande aide et a réalisé ce qu’on voulait
faire avec « Black Waltz » et a pu ajouter quelques bons
composants à cause de ça. Ensuite, ce qu’il y a c’est qu’il
était aussi prévu qu’il fasse le mix, mais on a senti qu’il
nous fallait des oreilles fraîches. Et Jay Ruston nous a été
suggéré par notre tour manager. On était un peu nerveux à ce
propos, parce que les Américains rendent les choses américaines, tu
vois. Donc on allait lui envoyer un album d’Avatar et on avait peur
de recevoir un album de Nickelback en retour ou quelque chose comme
ça. Mais finalement, on a reçu un super album d’Avatar dans nos
mains. Il a vraiment compris ce qu’on voulait faire.
Isa
: « Hail
The Apocalypse »,
le titre de l’album, mais aussi le premier titre à être sorti
avec un clip, que nous avons trouvé bien réalisé, comment s’est
passé l’écriture de ce clip ? Est-ce que cela vient de vous ?
Johannes :
Oui, le clip fait vraiment partie de l’art, ça prend une grande
place dans le projet artistique qu’est Avatar et c’est toujours
nous, le groupe, qui nous asseyons dans notre pièce et nous
commençons à étoffer nos idées. C’est basé sur notre propre
vision et c’est comme un projet Punk Rock pour nous, on fait le
plus qu’on le peut par nous-mêmes, à cause de la crise
économique, mais aussi parce qu’on aime être sûrs que les choses
se passent comme on le veut. Juste comme la musique, tu vois.
Isa
: Et c’est la même chose pour chaque vidéo ?
Johannes :
Ouais, parfois certaines idées viennent plus de Tim, ou un peu plus
de moi ou de John, mais tout vient toujours de la même équipe que
nous avons réussi à construire.
Isa
: Il n’y a jamais de tensions ?
Johannes :
Bien sûr ! On se bat fort ! Bien sûr, il y a des tensions, mais
nous n’avons pas peur de nous bagarrer pour des idées, parce que
si quelqu’un se bat pour une idée, c’est que probablement c’en
est une bonne au final. Donc, les tensions sont bienvenues !
Isa
: Je suppose que c’est la même chose pour le processus de
composition du groupe ?
Johannes :
Il y a moins de tensions quand on compose, j’ai l’impression.
Ouais, parce qu’on se bagarre depuis plus longtemps à propos de
l’écriture que pour les clips. Maintenant, nous avons été ces
dernières années, la plupart du temps, dans une assez bonne
ambiance. Tu sais, on se met beaucoup de pression à nous-mêmes pour
faire quelque chose d’aussi bien que nous le pouvons. Ce qui veut
dire que c’est fatiguant et on se challenge beaucoup les uns les
autres, donc cela peut aussi créer des tensions, mais c’est
inévitable et cela fait partie du deal. Si nous n’étions pas en
tension ce serait probablement parce que l’un d’entre nous et
paresseux et n’en a rien à faire.
Isa
: Maintenant, toujours à propos des compositions, qui fait quoi ?
John :
Tout le monde fait tout !
Johannes :
Je ne peux pas me souvenir des parties que j’ai écrites. Parce que
c’est comme si on se volait les uns les autres, on n’écrit pas
ou on n’enregistre pas des choses tout seul, on ”jam” beaucoup
ces temps-ci et on écrit sur les chansons des autres, il n’y a pas
de : « Ma
chanson ! »
C’est un peu effrayant, tu sais. Et bien sûr cela veut dire que
parfois quelqu’un a plus d’idées pour une chanson que les
autres, mais c’est toujours comme si le produit fini était un
résultat produit par le groupe.
Isa
: Un vrai travail d’équipe, alors ?
Johannes :
Ouais, absolument !
Isa
: Est-ce que « Hail The Apocalypse » est un concept album
?
Johannes :
Eh bien, pas vraiment, les chansons sont toutes écrites
individuellement comme des idées individuelles et ont des concepts
individuels. Tu vois, j’ai l’impression qu’à travers
l’écriture il y a un fil rouge que tu peux suivre depuis le
premier jour. Je suppose que chaque écrivain, chaque compositeur
peut tirer des choses de la même source, c’est là que se trouve
le fil rouge. Et l’apocalypse et les conséquences de nos actions,
des choses comme ça font écho dans toute notre discographie. Donc,
en ce sens, tout est assez proche et vient de la même source, mais
ce n’est pas écrit de manière conceptuelle, on ne transmet pas
une histoire ou quoi que ce soit.
Isa
: Ok. Cependant, le titre « Get
In Line »
sonne un peu comme Rammstein, à cause des guitares, comment
expliquez-vous cela ?
Johannes :
On aime Rammstein !
John :
Oui, on aime ça, mais je n’ai jamais pensé que ça sonnait comme
Rammstein avant, mais…
Johannes :
C’est marrant parce que c’est le plus grand fan de Rammstein !
John :
Je pense que quand j’ai écrit cette chanson et que je l’ai
enregistré, j’ai plutôt pensé que c’était plus comme du Punk.
Johannes :
Pour moi aussi.
John :
Ça ressemble à du Punk pour moi, comme du Punk brutal. Mais oui,
quand on l’a sorti les gens ont aussi dit que ça ressemblait un
peu à Rammstein.
Johannes :
Mais je suppose que c’est à cause du riff principal, mais cette
chanson forme un tout et les couplets ne sont pas tournés à la
Rammstein, mais peut-être juste quelques morceaux, oui, Rammstein
est une influence !
John :
Mais c’est trop rapide pour être comme Rammstein.
Isa
: Et que pensez-vous du public de festivals, en général ?
Johannes :
J’aime beaucoup ça, parce que c’est là que tu RENCONTRES de
nouvelles personnes et que tu peux toucher un autre public. Oui, on
aime les festivals !
John :
Ouais et on aime les métalleux et où il y a des métalleux, on aime
ça !
Isa
: Et qu’en est-il de votre expérience d’aujourd’hui ?
Johannes :
C’était super, même si le show était tôt.
John :
On est impatient de revenir. On sera de retour ici, dans cette ville,
le 10 décembre en tête d’affiche et là on va donner tout ce
qu’on a et ça va être génial !
Johannes :
Mais vous êtes Français, non ? Où va-t-on jouer en France ?
John :
À Paris et à Nancy, je pense…
Johannes :
Oui, on a donc quelques dates françaises à venir aussi.
Isa
: Ok, allons-y pour une dernière question, à propos de l’artwork
de l’album, qui est vraiment sympa, qui l’a fait ? Et il semble,
quand on le regarde, que le groupe a affronté la tempête auparavant
et qu’Avatar est beaucoup plus fort aujourd’hui. Est-ce juste ?
Johannes :
C’est vraiment cool de le voir comme ça, en fait, j’aime ça.
C’est encore… Bien, c’est « Hail The Apocalypse »
et l’apocalypse ce n’est pas mignon et c’est comme si on
l’affrontait, comme tu l’as dit, tu vois, prendre le contrôle de
cette tempête, faire face à ce qui se passe et se débrouiller avec
les conséquences, c’est l’un des grands thèmes de l’album. Et
qui l’a fait, c’est le bordel ! Ce sont trois artistes qui en ont
inventé le concept, l’un a réalisé la photographie et un autre à
incorporé l’artwork à la photo. Et l’idée vient d’un membre
du groupe, je suppose… C’est vraiment comme un collectif
artistique qu’on peut expérimenter, là.
Isa
: Ok, peut-être une toute dernière question, pourquoi es-tu le seul
à avoir un maquillage complet ?
John :
C’est une longue histoire !
Isa
: Vous n’avez pas la version courte ?
Johannes :
Parce qu’on a découvert quand on a commencé à faire ça, c’était
pour la vidéo de « Black Waltz », cela a éveillé
quelque chose en moi, c’est connecté à moi et à tout le groupe,
on l’a tous senti et vu. Cela colle avec ce qu’on fait.
MERCI
ISA ET ERIC
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